27 juin 2023 2 27 /06 /juin /2023 05:16

documentaire réalisé par Philippe Baron (2022)

 

à voir sur Kub

jusqu'au 26/07/2023

 

O.K., Joe ! - KuB (kubweb.media)

O.k., Joe!

Été 1944, le débarquement américain repousse l’occupant nazi, les GI sont accueillis en héros libérateurs, c’est l’euphorie, les lendemains peuvent à nouveau chanter. Ce déferlement d’hommes va provoquer son lot de crimes sexuels – des milliers de viols – et de crimes de sang dont les victimes sont les frères et les pères qui tentent de s’interposer.

 

L’armée américaine met en place une cour martiale pour les juger. Presque par hasard, elle embauche l’écrivain Louis Guilloux comme interprète. Peu à peu, le romancier découvre que seuls les soldats afro-américains sont condamnés, souvent à des peines capitales. Il le raconte dans un court récit : O.K., Joe !

 

En confrontant son récit à la réalité historique et aux souvenirs de témoins et de descendants, ce documentaire révèle plusieurs tabous de la Seconde Guerre mondiale : les exactions de l’armée américaine envers des populations civiles, les viols des femmes, la ségrégation raciale, les châtiments cruels et sélectifs qu’elle inflige à ses soldats noirs.

O.k., Joe!

                                                                   © Les Films du Sillage

 

En 2022, en plein mouvement Black lives matter, le livre de Louis Guilloux, O.K., Joe !, publié en 1976 chez Folio, s'est offert une réédition préfacée par Éric Vuillard, prix Goncourt 2017 et spécialiste des récits historiques. Alors qu'il passe assez inaperçu à sa sortie, la France ne voulant pas ternir l'image des Américains libérateurs, il est aujourd'hui reconnu par tous les historiens comme un témoignage capital pour la compréhension de cette période entourée de nombreux mythes et fantasmes. En effet, dans ce livre, Guilloux revient sur sa propre histoire, lorsqu’il était interprète auprès des tribunaux militaires américains en 1944. Juste après la Libération, il accompagne les deux officiers américains chargés d’enquêter sur les exactions commises par les soldats américains sur les populations civiles bretonnes. Au fil des condamnations, souvent à mort, le jeune interprète se rend compte que seuls les soldats noirs sont poursuivis. Mal à l’aise face à ce racisme décomplexé, perpétré par une armée qui se veut civilisée et généreuse envers les populations locales, il mettra 30 ans à écrire ce récit puissant et brillant. Par petites touches, presque en douceur, il témoigne ainsi de la part sombre qui accompagne ce grand moment de l’Histoire.

 

Le film de Philippe Baron est une belle composition qui mêle les témoignages des femmes d’alors ou de leurs descendants, et de magnifiques archives de 1944 où le regard absent de celles qui ont couché avec l’ennemi rencontre celui, bravache, de ceux qui se décrètent héros de la Résistance. Les embrassades de joie émoustillent le désir frustré de soldats qui se sentent, pour certains, tout permis

 

KULTUR  BRETAGNE

 

EDITO SERGE STEYER

 

"Un homme qui s'endort ferme les yeux sur bien des choses"

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche