d'Andrea Di Stefano (Italie 2022)
avec Pierfrancesco Favino, Linda Caridi, Antonio Girardi, Katia Mironova
Franco Amore porte bien son nom. Il dit de lui-même que, durant toute sa vie, il a toujours essayé d’être un honnête homme, un policier qui, en trente-cinq ans d’une honorable carrière, n’a jamais tiré sur personne. Ce sont en effet les mots qu’il écrit pour le discours qu’il tiendra au lendemain de sa dernière nuit de service. Mais cette dernière nuit sera plus longue et plus éprouvante qu’il ne l’imagine et mettra en danger tout ce qui compte à ses yeux : son travail au service de l’État, son amour pour sa femme Viviana, son amitié avec son collègue Dino, jusqu’à sa propre vie. Et c’est durant cette même nuit, dans les rues d’un Milan qui ne semble jamais voir le jour, que tout va s’enchaîner à un rythme effréné
Certes la structure en flash-back, la chronologie éclatée avec changements de point de vue, la présence et le pouvoir de policiers ripoux, les « corruptions familiales » doublées de « trahisons », n’ont rien d’original !! Le film d’Andrea Di Stefano n’en reste pas moins un polar bien ficelé, qui précisément "revisite" les poncifs du "genre" .Un polar au rythme effréné (quasiment pas de temps mort) servi par le jeu de l’époustouflant Pierfrancesco Favino. On passera outre certaines dilatations du temps et de l’intrigue - encore que, analysées séparément, elles contribuent à "humaniser" ou "suggérer"-, ainsi que ces clichés (faciles) sur la mafia chinoise !!!! –
La séquence autoroutière avec la fusillade est filmée de main de maître (circulation folle d’où s’échappera, seul, les vêtements maculés de sang, Franco Amore courant vers son destin de flic ! irréprochable 35 ans durant ! MAIS 1 nuit de transgression malhonnête ! Et si la disproportion n'était que de façade? Tout l’art du cinéaste est d’entraîner le spectateur à la recherche de cette face cachée....que le jeu et certaines "mimiques" de l'acteur font advenir!
Dès le prologue le spectateur est comme happé par cette musique, partition de Santi Pulvirenti à laquelle se superpose -ou l’inverse- une respiration, un souffle, alors que le générique défile en gros caractères rouges : long plan séquence aérien sur Milan, avant que la caméra ne se pose dans cet appartement où une fête « surprise » attend l’intéressé Franco Amore pour son départ à la retraite….A peine arrivé, il est appelé d’urgence (son pote et collègue Dino a été retrouvé mort, criblé de balles) ; il quitte la « fête » -non sans avoir versé quelques larmes - leur interprétation (le bienfondé) sera dévoilée lors de la "seconde" version … Et il se rend sur les lieux du « crime ».
Puis retour en arrière 10 jours auparavant.
Et seconde version des mêmes faits.
Avant que n’éclate en une série de « rebondissements » une autre Vérité (surtout ne pas spoiler !!)
Plus qu’une composante, Milan serait un personnage à part entière? Cette ville immense avec ses monuments déserts dans leur enténèbrement, avec ses avenues ses échangeurs et ce tunnel – lieu d’action certes mais aussi empreint de ces connotations qui s’imposent aisément ! Son rôle ne serait-il pas (mutatis mutandis) similaire à celui de Viviana, l'épouse aimée aimante complice dont la personnalité se révèlera progressivement avec ses parts d'ombre et de lumière?
Un film que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze