18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 08:44

de Zeno Graton (Belgique France 2022)

 

avec  Khalil Gharbia, Julien De Saint-Jean, Amine Hamidou, Eye Haïdara, 

 

musique Bachar Mar-Khalifé 

 

nominations et sélection

Joe, 17 ans, est sur le point de sortir d’un centre fermé pour mineurs délinquants. Si son juge approuve sa libération, il ira vivre en autonomie. Mais l'arrivée d'un nouveau jeune, William, va remettre en question son désir de liberté

Le Paradis

"Si un poisson est pris dans la glace, il ne ressuscite pas. Il meurt."

 

Romance homosexuelle en milieu "carcéral", -le cinéaste dit s’être inspiré de Jean Genet-,  en IPPJ plus exactement  - (Institutions publiques de la protection de la jeunesse) telle  est bien l’unique thématique de ce premier long métrage. Ne vous attendez donc pas à une sorte de docu fiction sur les conditions que vivent au quotidien les jeunes en centre fermé pour mineurs, sur la "violence" du vivre ensemble Certains critiques fustigent, poliment certes, le manque d’aspérité, l’aspect trop lisse dans la peinture de la vie au quotidien. Là n’est pas le propos, même si le cinéaste fait la part belle au rôle des éducateurs (encadrer responsabiliser), à la répétition fastidieuse des tâches (activités sportives pour canaliser la violence, ateliers de soudure comme préparation à un « métier », rencontre /débats pour susciter l’imagination créatrice etc...) Or la simple récurrence du plan sur la grille qui sépare le centre du monde extérieur, sur le mur/ paroi qui sépare les  cellules et  qui va servir de partition, -on frappe comme pour crier son amour- , en dit long sur l’enfermement (fût-il intérieur) Nul besoin de violence explicite; elle est suffisamment larvée et/ou latente.

 

Si la thématique n’est pas "originale"  en revanche la façon de la filmer est assez inédite.

Filmer le désir, un désir sans entrave (Joe et William savent débusquer des lieux propices à leurs ébats) filmer la douleur (William pleure quand Joe est prêt à quitter le centre ; alors que trop souvent pleurer est considéré comme contraire à la virilité).

 

Et le choix du scope (sa distance avec la réalité -mettre en avant les personnages les éloigner des décors naturels ou autres) n’est pas anodin mais aussi le fait que Zeno Graton ait été chef opérateur, avant d'être réalisateur

Atmosphère de « fable », gros plans pour les scènes entre Joe et William (faire contraster scènes de groupe et duos, un contraste moins formel que sensoriel, car la caméra elle-même devenue l’intime peut mettre en évidence un détail, un regard, un geste.

La longueur du plan doit suggérer un « ressenti », celui de la durée.

 

C’est que le temps est bien la   "dynamique"  interne de ce film. Si on "prépare"  Joe à quitter le centre (après 6 mois) en le " responsabilisant" -  lui apprendre à être autonome- , le temps est devenu son ennemi  car la patience requise est vécue sur le mode de l’impossible (la fugue à deux en est l’illustration suprême)

Joe et William prisonniers de leur désir de leur fougue, embrasés par leur passion (qui a été réellement vécue comme une onde de choc) vont perdre inévitablement une part de liberté !!! 

 

Un film à voir !!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

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