de Stephen Frears (G-B 2022)
Scénaristes : Steve Coogan, Jeff Pope
avec Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd
D'après l'œuvre de Philippa Langley (The Search for Richard III)
"The Lost King" retrace l’aventure de Philippa Langley, passionnée d’histoire à la volonté de fer qui, sur une simple intuition et malgré l’incompréhension de ses proches et la défiance du monde universitaire, a voulu rétablir la vérité autour de Richard III, l’un des monarques les plus controversés de l’histoire.
Inspiré de faits réels, ce que dit expressément le générique- (comme pour the Queen 2006 ou Philomena 2013) the lost King met en scène (et ce dans tous les sens de l’expression) une "héroïne" -avec ses fêlures (elle est atteinte du « syndrome de fatigue chronique »-, sa détermination qui vire à la monomanie-, et surtout à travers elle la puissance de l’intuition opposée aux certitudes sclérosantes des sachants, universitaires et autres pontes. Le cinéaste va nous entraîner dans une "chasse" aux "fake news", tout en écorchant au passage les travers du patriarcat ; non seulement Philippa Langley, cette jeune femme qui s'improvise historienne, va réhabiliter la mémoire de Richard III (longtemps conspué, avili par la pièce de Shakespeare) mais "retrouver" sa dépouille (quoi qu’il en coûte) sous un parking de Leicester.....Sally Hawkins (rappelez-vous La forme de l'eau de Guillermo del Toro 2018) incarne Philippa avec un mélange de candeur et de combativité, un jeu tout en nuances -qui ne peut qu’entraîner l’adhésion- ce que renforce d’ailleurs le contraste entre l’apparente chétivité et l’énormité de la tâche
Ainsi, en partant d’une « anecdote », Stephen Frears interroge notre rapport à l’histoire telle qu’on la forge, telle qu’on la fige. The lost king : une question éminemment philosophique (ou politique?) sur la Relativité de l’Histoire ou du moins sur l’évolution des perspectives historiques en fonction des époques ?
On pourra toujours déplorer des effets d’insistance (dont la présence de Richard III qui accompagne Philippa tout au long de sa recherche et de ses mésaventures ; oiseuse fantasmagorie ? fantôme salvateur ?) des outrances des clichés et leur traitement simplificateur (l’université qui s’accapare sans vergogne et sous les feux de la rampe la découverte de Philippa après l’avoir moquée publiquement ! le rôle loufoque de la Richard III Society, ensemble hétérogène de piliers de bar), un goût trop prononcé pour ces vues en plongée (où l’être humain est rabaissé à l’état d’homoncule) etc.
The lost king n’en reste pas moins une comédie où triomphent l’ironie et l’humour, une comédie au rythme souvent trépidant ; où le tempo -scandé par les aléas de la recherche et les rebondissements qui n’altèrent en rien la ténacité du personnage principal, et par l’alternance entre scènes de solitude mélancolique et scènes de groupes moqueurs-, impose à la narration (certes classique) une fluidité que renforce la musique d’Alexandre Desplat
the lost king ou La résurrection d’un cinéaste, d’une femme, et d’un monarque ».(citizen kane Ecran noir)
Un film à voir!
Colette Lallement-Duchoze