de Florian Zeller · Royaume-Uni, France (2022)
Avec Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath, Anthony Hopkins, Felix Goddard, Max Goddard, Shin-Fei Chen
À dix-sept ans, Nicholas semble en pleine dérive, il n'est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter. Remarié depuis peu et père d’un nouveau-né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils...
Adaptant lui-même ses pièces de théâtre, Florian Zeller évite de tomber dans le piège du théâtre filmé. Pari réussi pour the father (dépassant le huis clos de l’appartement et lui superposant l’univers mental du personnage éponyme si brillamment interprété par A Hopkins cf the father - Le blog de cinexpressions). Hélas avec the son la façon de filmer, et ce dès le début (champ contre champ, arrière-plan « bouché », plans très rapprochés sur les personnages) et le fil conducteur (le divorce des parents, comme la cause du mal-être) président à une « logique » que paradoxalement il tente de dénoncer et il nous entraînerait avec lui dans son propre piège ?
Le cinéaste a choisi d'adopter le point de vue des parents (et non pas celui du "fils"), et plus particulièrement celui du père -un père, parangon d’une clinquante réussite professionnelle (illustrée par ce plan récurrent où Hugh Jackman, filmé de dos, contemple Manhattan, de l’immense baie vitrée de son cabinet d’avocats !).
Voici des parents aimants mais déboussolés face au mal-être de leur fils, des parents qui se laissent « berner » par ses mensonges sur sa prétendue « intégration sociale. » au lycée. Voici un fils dont nous ne connaîtrons rien des déambulations, des flâneries erratiques (quelles incidences auront sur la façon d’appréhender une complexité, de démêler un écheveau inextricable par nature.??? ces quelques vues en plongée sur un trottoir qu’il emprunte, avant de traverser un passage ….clouté… Lui qui sèche les cours et falsifie les documents officiels du lycée) ; nous le verrons dans une relation malaisée avec ses parents géniteurs et la nouvelle compagne du père. La demande qui se lit sur le visage (ce murmure qui s’échappe de lèvres à peine entrouvertes, ces regards sur le point d’être embués de larmes, cet effarement qui prélude à l’hébétement hagard) ne peut être « entendue » - même si à un moment le père supplie son fils de s’exprimer avec ses « propres mots » (mais comment dire l’indicible ??) et l’interprétation (excellente) de Zen McGrath accentue cet aspect foncièrement énigmatique créant le suspense - et la récurrence du plan sur le lave-linge au moment de l’essorage, alors que l’adolescent est hors champ derrière la porte de la salle de bains…est censée jouer le rôle d'illustration!!
Les flash-back (entente cordiale père/fils dans l’ambiance estivale, cf l'affiche, apprentissage de la natation, croisière familiale) frappent par leur saugrenuité !!!
Et ce n’est pas l’épisode du « lâcher prise » (quand le père et Beth improvisent une danse et invitent Nicholas à y participer) qui « rachètera » l’ensemble. Un ensemble qui ne peut se départir de dialogues plus ou moins démonstratifs
Quant à l’avant-dernière séquence aux relents mélodramatiques (vision conservatrice de la famille et ses clichés éculés) elle frise l’indécence, et la position finale du père, l’inconsolable, recroquevillé -tel un Œdipe moderne renversé- accentue cette fâcheuse impression
Florian Zeller avoue être resté volontairement sur « le seuil » à un endroit d’incompréhension, où il y a beaucoup de questions mais pas de réponse. C’est ainsi que les problèmes de dépression, de maladie mentale, se posent à nous, comme un mystère, comme un trou noir qui peut tout dévorer. »