3 mars 2023 5 03 /03 /mars /2023 13:32

de Gustav Machaty (1929 Tchécoslovaquie )

 

avec  Karel Schleichert : Le cheminot Ita Rina : Andrea Olaf Fjord : George Sydney Theodor Pištěk : Hilbert Charlotte Susa : Gilda

 

Présenté en soirée d'ouverture au festival à L'Est (17ème édition) avec accompagnement musical en live

Groupe In Fine (  duo instrumental, avec entre autres  trompette, flûte à bec,  bugle)

Andrea, la fille d'un garde-barrière est séduite par un étranger. Mais l'homme l'abandonne en la laissant enceinte. Elle épousera alors un homme rencontré au cours d'une nuit dramatique. Plus tard, elle retrouvera son séducteur...

 

Erotikon

Erotikon. C’est la marque du parfum que le voyageur séducteur offre à la fille du garde-barrière- lequel venait d’accepter du whisky et un briquet !! Un parfum aux subtiles fragrances, qui agirait tel un élixir? à la limite peu importe ! Le titre met en exergue le triomphe de la séduction, du désir, par-delà les convenances morales !! Erotisme ou la concupiscence filmée dans l’audace de la suggestion : voici Andrea seule allongée sur son lit ; elle se pâme, son corps vibre de l’attente amoureuse…Et pour la « scène d’amour » voici des plans fragmentés, des chevelures que les mains triturent, un fondu enchaîné des deux visages, un regard dilaté, une caméra qui épouse le mouvement du corps, et après un fondu au noir, voici les deux amants se prélassant avec une cigarette. Désir palpable à fleur de peau, à fleur d’extase ! Une aimantation illustrée (redondance métaphorique ? peut-être) par le gros plan sur ces deux gouttes d’eau allant à la rencontre l’une de l’autre sur la vitre  (à moins que l’élément liquide ne s’inscrive dans une autre suggestion !)

Tout cela concerne surtout la première partie. Andrea sera délaissée par l’amant volage -qui croit se « dédommager » en donnant de l’argent (à noter que la missive est apportée par un facteur dont on ne voit que l’ombre …) Elle devra tout assumer, seule. Figure de la transgression? Mariée, elle rencontrera à nouveau l’amant et usera de subterfuges pour forcer une rencontre ! Andrea la jeune femme abusée, Andrea la  séductrice !

Après plusieurs ellipses temporelles (avec fondu au noir) lors d’une soirée dansante elle délaisse son époux : les touches du piano et du saxo se meuvent agiles et muettes , et les corps des ex amants dans une langoureuse étreinte ressuscitent pour l’assouvir le désir -au grand dam de la maîtresse (le comique de situation ne minimise pas pour autant la force de l’excitation sexuelle)

Le corps contre la raison. Corps que la caméra se plaît à capter, suave, dans ses fragments d’attentes fébriles (visage genoux main regards) Erotikon

 

Le train qui revient à intervalles réguliers dit à la fois la prégnance de la machine dans l’univers cinématographique des années 1920 et la symbolique d’une marche inéluctable vers ??? Ici, en outre, il permet de relier – tout en les opposant- la stagnation d’un monde de labeur et l’effervescence du milieu urbain (hôtels, salles de jeux, salons de coiffure, tailleur).

Une main tendue qui dit adieu alors que les lignes aériennes et les rails (voies ferrées qui se croisent) dessinent leur implacable linéarité ; une main qui se tord de douleur (lors de l’accouchement) ; la même main s’était tordue de plaisir – et en surimpression tel un flashback revient l’image du baiser.

Le film est ainsi traversé d’effets spéculaires que renforcent les éléments dits naturels (dont la pluie dévastatrice ou annonciatrice de ?  et l’orage) 

Une « fin » « ouverte » , une fin qui  se prête à un « nouveau » départ, 

La morale serait-elle sauve ?  Que nenni !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

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