d'Elena Lopez Riera (Espagne 2022)
avec Luna Pamies, Barbara Lennie, Nieve de Medina
musique Mandine Knoepfel
Présenté au festival de Cannes 2022 Quinzaine des Réalisateurs
C'est l'été dans un petit village du sud-est espagnol. Une tempête menace de faire déborder à nouveau la rivière qui le traverse. Une ancienne croyance populaire assure que certaines femmes sont prédestinées à disparaître à chaque nouvelle inondation, car elles ont « l'eau en elles ». Une bande de jeunes essaie de survivre à la lassitude de l’été, ils fument, dansent, se désirent. Dans cette atmosphère électrique, Ana et José vivent une histoire d'amour, jusqu'à ce que la tempête éclate...
Qu’un fleuve tombe amoureux d’une femme et l’emporte avec lui dans l’impétuosité de ses flots c’est ce que viennent confirmer face à l’écran ces femmes à intervalles réguliers : plan fixe, elles disent -et miment de leurs gestes- cette fougue dévastatrice et « amoureuse » ; une légende incarnée et comme ancrée dans le réel? paroles de femmes et images d’archives télévisuelles (l’inondation de1987) comme si le réel (nous sommes à Orihuela province de Murcie), allait à la rencontre d’un récit et simultanément comme si ce récit fictionnel devait être documenté.
Ana va incarner cette Eve nouvelle et qui sait ? se laisser dompter par le fleuve ou lui résister ? Fleuve Segura dont les colmatages de fortune (la préparation du plâtre par Jose et son père scelle aussi leur réconciliation) ne résistent pas à sa puissance destructrice (cf la dernière séquence)
El agua, l’eau, cet élément liquide dont on connaît toutes les connotations liées à la femme (légendes peuplées de sirènes de nymphes ; liquide amniotique; l’eau à la fois purificatrice source de vie guérisseuse protectrice et destructrice, etc…). Entourée de sa mère et de sa grand-mère, donc comme en symbiose avec la tradition, le corps embrasé par la fougue amoureuse, Ana incarnerait les deux éléments eau et feu, tout en vénérant certaines idoles religieuses (Sainte Rita au grand dam de Jose son amoureux). Comme la plupart de ses amis (on rit on boit on fume on danse) elle désire « partir ». Partir serait aussi s’émanciper !
El Agua : une romance, le temps d’un été dans un village qui suinte l’ennui
El agua: une légende « charriée par un fleuve qui devient la métaphore d’une jeunesse en plein désarroi » interprétée par des acteurs pour la plupart non professionnels.
Hélas ce premier film n’est pas à la hauteur de ses ambitions : trop de thématiques abordées, ce qui surcharge le scénario et/ou accentue son "manque de relance" ; et le mélange fiction, histoire sentimentale, réel revisité, légende, qui impose aussi de mixer différentes tonalités -réalisme naturalisme et fantastique amplifié par la bande-son- fait que la mise en scène manque (trop) souvent d'originalité !
Dommage !
Colette Lallement-Duchoze