12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 07:59

de Jean-Paul Salomé (2023)

 

avec Isabelle Huppert, Yvan Attal, Grégory Gadebois, Marina Foïs, Pierre Deladonchamps, Aloïse Sauva

 

présenté en avant-première à l'Omnia  le jeudi 9 février

en présence du réalisateur Jean-Paul Salomé,  de la journaliste Caroline Michel-Aguirre, et de  Maureen Kearney  

 

L’histoire vraie de Maureen Kearney, déléguée CFDT chez Areva, qui, en 2012, est devenue lanceuse d’alerte pour dénoncer un secret d’Etat qui a secoué l’industrie du nucléaire en France. Seule contre tous, elle s’est battue bec et ongles contre les ministres et les industriels pour faire éclater ce scandale et défendre plus de 50 000 emplois, jusqu’au jour où elle s’est fait violemment agresser et a vu sa vie basculer….

La syndicaliste

Intimidation, chantage, terrorisation, agression (deuxième avertissement il n’y en aura pas de troisième) perte de réputation (enquête truquée, pressions, procès, condamnation pour « dénonciation mensongère » amende) puis relaxation en 2018. Voilà ce qu’a subi la syndicaliste Maureen Kearney déléguée CFDT chez Areva. Son « crime » ? avoir alerté, en haut lieu, documents à l’appui, « l’accord préparé par sa direction - Luc Oursel a remplacé Anne Lauvergeon- avec EDF (Proglio président de 2009 à 2014) et l’électricien chinois CGNPC,  avec transferts des technologies et suppressions d’emplois chez Areva - Caroline Michel-Aguirre rend compte de tout cela dans  "la syndicaliste", document qui a servi de support au film de Jean-Paul Salomé, -avec l'assentiment de la "syndicaliste" - : une docufiction dont plus des trois quarts sont vérifiables !!

 En de telles circonstances l'essentiel est d'avoir (et je l'ai eu) un double soutien humain et financier (affirmait Maureen Kearn en réponse à une question assez personnelle) 

Un film construit comme un thriller à la fois politique et psychologique

Il s’ouvre sur l’agression sexuelle dont « la syndicaliste » fut victime en cette journée du 17 décembre 2012 ; agression dont le spectateur découvre les « séquelles » (mais les propos entendus -surtout quand leur énoncé est froid distant- en décuplent l’impact). Une agression qui est à la fois un aboutissement, dans le parcours syndical de Maureen Kearney cette lanceuse d’alerte à « éliminer » -après des menaces réitérées, des propos comminatoires, - et un commencement ,  première étape d’un autre calvaire, d’un autre chemin de croix vécu au quotidien par la « syndicaliste » en tant qu’être humain, en tant que femme, épouse et mère (convocations enquête policière surveillance suspicions procès etc…)

 

Cette scène inaugurale -scène-pivot scène-charnière -  reviendra à plusieurs moments dans le film -moins comme leitmotiv créateur de tempo- que lestée de points de vue différents (jusqu’à la condamnation de la "victime" devenue  " coupable "). La seule fois où l’agresseur cagoulé paraît à l’écran -comme s’il s’agissait d’une ultime reconstitution- correspond en fait aux "images mentales", "celles du souvenir"  que de « nouvelles pièces à mettre au dossier » vont exhumer (une agression analogue avait été commise  en 2006 sur la femme d’un cadre de Veolia, entreprise  alors dirigée par Proglio:  ; en "écoutant" le récit de cette agression, Marleen « revit » son propre cauchemar x années plus tard (scarification de la lettre A sur le ventre, manche d’un couteau planté dans le vagin, mains et pieds ligotés, visage cagoulé, lèvres scotchées…)(entretemps sa parole confisquée avait été frappée de suspicion et démentie -documents  à l’appui alors qu’il s’agissait d’interprétations dans la collusion de tous les pouvoirs politique affairiste judiciaire; le pire au moment du procès fut la condamnation irréfragable prononcée par LA juge -dont les  propos glaçants sont reproduits textuellement  dans le film!) 

 

Jouant sur les temporalités, alternant les scènes  "intimes" (un mari déboussolé mais compréhensif, excellent Gregory Gadebois) et professionnelles (des instants d’opposition frontale avec le successeur d’Anne Lauvergeon, (étonnante Marina Foïs)  Luc Oursel interprété par un Gabriel Attal éructant gueulant ; les rencontres furtives avec un Montebourg mielleux et frileux ), soutenu par un rythme souvent haletant ( il n’y a pas de temps mort) et la musique de Bruno Coulais (un fidèle de Jean-Paul Salomé), ce film a pour objectif  par-delà les enjeux politiques et industriels de  nous faire vivre de l’intérieur ce que Maureen Kearn  a elle-même ressenti (Isabelle Huppert, méconnaissable, " est devenue " -du moins pour les apparences- Maureen ; label de qualité que cette ressemblance physique -dont se gausseraient certains commentateurs ? Méconnaissable pour être identifiable tel un  miroir tendu à la « vraie » syndicaliste ? Ce qui a prévalu dans le choix d'Isabelle Huppert, c'est la connivence une forme de  complicité, d'entente tacite  suite  tournage de La Dragonne)

 

Plonger le spectateur au cœur des rouages économiques, politiques, sociétaux tout en gardant au centre le portrait de cette femme traversée par toute cette affaire tel est le pari  affiché revendiqué par Jean-Paul Salomé

 

Un pari réussi ? à vous de juger

(sortie le 1/03/2023) 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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