de Ryôta Yakano (Japon 2020)
avec Kazunari Ninomiya : Masashi Asada (ja), Satoshi Tsumabuki : Yukihiro Asada, Haru Kuroki : Wakana Kawakami Masaki Suda : Yōsuke Ono Jun Fubuki : Junko Asada Mitsuru Hirata : Akira Asada Makiko Watanab
récompenses
Festival international du film de Varsovie 2020 : NETPAC Award
Japan Academy Prize 2021 : prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Haru Kuroki
Festival du cinéma japonais contemporain Kinotayo 2022 : Soleil d'or du public
Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main.
Le film s’inspire de la vie du photographe Masashi Asada, Sa marque de fabrique : des clichés excentriques, où il met en scène sa famille déguisée sous un angle inattendu (yakuzas endimanchés, super héros oisifs, salarymen pompettes etc … ). Il acquiert une notoriété en remportant le prestigieux prix de photographie Kimura Ihei en 2008.
L’hommage à ce photographe est illustré par le parcours du fils cadet Masashi. Premier déclic : l’amour de la photo transmis par le père dès son plus âge, et le cadeau : un appareil ; pour un devoir scolaire "photo de famille", l’utilisation du retardateur. Deuxième déclic : réparer les " manques" du passé (le père s'était rêvé en pompier) en photographiant les membres de sa famille déguisés pour des jeux de rôles ; on voit se succéder rapidement à l’écran les clichés, comme on feuilletterait un album et c’est bien du premier projet photo qu’il s’agit (une expo, une éditrice et la renommée assurée… ?) Puis Masashi trouve l'inspiration en photographiant d’autres familles avec ce même objectif : mettre à nu les désirs cachés. Vient cet ultime déclic lié à la catastrophe de Fukushima (2011) : face à la douleur des familles, retrouver les "images clichés" comme autant de lambeaux qui aideront à construire (le mausolée de la mémoire) et se re-construire et nous voyons Masashi nettoyer des photos récupérées dans les décombres de la ville dévastée ; travail titanesque ! des milliers de photos arrachées à l’impétuosité des éléments naturels, des familles endeuillées et pourtant dans cette partie où l’espoir doit triompher de la douleur, deux séquences autour d’une présence absente -un père en quête d'une photo de sa gamine et une gamine en quête de celle de son père, bien que chargées d’émotion, sont hélas trop prévisibles et s’étirent inutilement!
Hommage aux "vertus" de la photo argentique (que vient renforcer un discours en voix off, plutôt redondant) ; témoigner, tisser un "lien mémoriel", c’est bien du rapport qu’entretiennent les Japonais avec l’image et la photo qu’il s’agit. Or, les "compositions" de Masashi Asada, authentiques mises en scène, ne renvoient-elles pas à des archétypes qui dépassent le cadre national ?. Ne serait-ce pas la pensée du monde que le réalisateur tente de capter dans le film -photo ? Il nous invite ainsi (mais ce n’est qu’une interprétation) à dépasser le « cliché » du Japonais photographe -souvent empreint de moquerie- et « penser la mémoire » (qu’elle soit collective locale ou familiale). Et ce, en questionnant l'artificialité -commune au cinéma et à la photo?-, en mélangeant les genres comédie et tragédie, en passant de la facétie burlesque à la douleur contenue (mention spéciale à Kasunari Ninomiya dans le rôle de Masashi Asada), en déjouant les attentes du spectateur (la scène d’ouverture : famille recueillie sur le cadavre du père et qui enclenche le récit par la voix off du fils aîné sera aussi celle qui clôt ce long flash back avec une pirouette inattendue...),
Hommage à la "famille", cette fameuse clé de voûte ! . La famille Asada est originale , décomplexée: père au foyer, mère infirmière à l’hôpital, frère aîné employé de bureau exaspéré par les frasques de son frère, ce frère dont nous suivons les errances, le parcours pendant 20 ans. Une famille où se croisent les regards bienveillants empathiques du réalisateur et du photographe. Une famille sanctuaire (dont la pièce principale avec sa table d'accueil et ses objets/souvenirs serait la métaphore), une famille port d’attache, refuge pour le fils "prodigue".
Cela étant, je ne saurais adhérer aux assertions qui encombrent l’affiche promotionnelle
Le film préféré des spectateurs
Amusez-vous on n’a qu’une vie
Pourquoi ? Cherchez l’erreur
Colette Lallement-Duchoze