29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 04:44

d'Emmanuele Crialese (Italie 2022)

 

avec Penelope Cruz, Vincenzo Amato, Luana Giuliani 

 

Rome années 1970. Alors que son couple vacille, une mère de famille trouve refuge dans la relation complice qu'elle entretient avec sa fille Adriana, née dans un corps qui ne lui correspond pas ...

L'Immensita

Papa et toi m’avez mal faite  (Adriana à sa mère Clara)

 

Chanson, chorégraphie, une mère qui s’éclate avec ses trois enfants, en dressant la table: cette scène d’ouverture  encoderait le film ? 

Si le titre renvoie à celui d’une chanson concourant à San Remo en 1967, si le film résonne comme un hommage à la variété italienne des années 70, (Rafaella Carra, Adriano Celentano, Patti Pravo), les "séquences" festives (dont la première)  joueront en fait le rôle "d’intermèdes"  ou  de  "fugues"  !!! l’essentiel étant  placé sous le signe du  "malaise"

 

Voici une famille pour le moins  " dysfonctionnelle"  (un fils boulimique qui défèque -son mal-être- sur la moquette, l’aînée Adriana, mal à l’aise dans "un" corps étranger qui décide de s’appeler Andrea, s’habille comme un garçon et entame une relation amoureuse avec une rom du campement voisin ; une mère  constamment   "au bord de la crise de nerfs"  victime du machisme  éhonté d’un mari -qu’elle ne peut quitter- et qui  "compense"  dans une relation fusionnelle avec sa progéniture, l’aîné.e en particulier, lui transmettant cet amour de la liberté qui précisément va à l’encontre (en les bafouant) des préceptes rigides édictés et incarnés par le père et sa mère

 

Or la prolifération des thèmes abordés (transidentité, choc des cultures, violences conjugales, amour maternel, dépression) semble nuire à la narration (quand bien même le réalisateur aura préféré les ambiances aux  "rebondissements")

Et même si le jeu des deux actrices principales Penelope Cruz (Clara la mère) et Luana Giuliani (Adriana/Andrea) est impeccable, si la restitution d’une Rome des années 70 frappe par la palette des couleurs, les décors, l'habitus -dont les  habits seventies chic de la middle class italienne, si le rythme est souvent allègre (excentricités de la mère, courses poursuites des enfants) et le mélange des genres/tonalités (fantaisie/drame, réalisme/onirisme) assez crédible, il manque un  "je ne sais quoi "qui fait que  l’immensita  est un film plutôt bancal et peu convaincant (même la beauté incontestée de Penelope Cruz a le charme douteux des publicités clinquantes ;  peut-être est-ce intentionnel; en tout cas établir une quelconque similitude  avec le film de Bellochio   "fais de beaux rêves"  est  frappé  d'inanité )

 

Et que penser du  portrait d’un pré-adolescent qui tente de se construire?  Portrait aux résonances autobiographiques (de l’aveu même du réalisateur à la Mostra de Venise); et les tâtonnements dans la quête de soi seraient illustrés (métaphoriquement) par l’exploration du nouveau quartier (la famille Borghetti vient de s'installer dans un des nouveaux complexes résidentiels de la capitale ) et le franchissement de ces limites à valeur d’interdits ?

Un portrait qui, hélas! reste à l'état d'ébauche !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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