18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 07:51

de Maha Haj (coproduction entre la Palestine, l'Allemagne, la France, Chypre et le Qatar  2022)

 

avec Amer Hlehel, Ashraf Farah, Anat Hadid, Samir Elias et Cynthia Saleem.

 

 

Cannes 2022 prix du scénario section Un Certain Regard

 

Walid, 40 ans, Palestinien vivant à Haifa, avec sa femme et ses deux enfants, cultive sa dépression et ses velléités littéraires. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines ; Walid, quant à lui, y voit l’opportunité de réaliser un projet secret...

Fièvre méditerranéenne

 

L’humour est la politesse du désespoir   Chris Marker

Une femme gisant, morte. Walid discute avec le fils nullement éploré ; il bat sa coulpe "c'est moi qui l'ai tuée  Non lui rétorque le fils "elle a chuté et même si tu l'as poussée elle aurait pu tomber ou ne pas tomber et en tombant mourir ou ne pas mourir; cela ne fait pas  pour autant  de toi un assassin"   Cette scène d’ouverture -un cauchemar !! en fait-  expose ce qui servira de fil conducteur plus ou moins caché : le protagoniste (qui est aussi narrateur et auteur de fiction) est-il maître de ses actes ? la vérité se laisse-t-elle appréhender avec aisance  ?

Walid flegmatique, victime d’une sournoise dépression, va-t-il connaître à nouveau le goût de vivre avec l’arrivée d’un voisin dans cet immeuble d’un quartier arabe de la ville israélienne Haïfa ?

Voici deux voisins en tous points dissemblables. La question palestinienne qui traumatise Walid?  "tu peux te (me) la mettre au cul" répond Jalal (et pourtant paradoxe ? pichenette ? il a baptisé ses deux molosses du nom de poètes arabes). Au taedium vitae de l’un s’opposent le dynamisme et le machisme de l’autre. Un écrivain dépressif, ex employé de banque, et un truand  à la petite semaine. Ce "choc" des contraires sera le support d’une comédie douce-amère : deux hommes, qui n’auraient jamais dû se rencontrer et qui vont devenir inséparables !!!!

Or l’escroc à la petite semaine,  fidèle en amitié, est sincèrement persuadé qu’il va redonner goût à la vie à son voisin lequel se nourrira de ses combines comme matière romanesque. Mais ce prétendu cheminement vers la Vie, le temps retrouvé est pour Walid une voie exceptionnelle vers la mort ! Ici attention ne pas dévoiler les rebondissements, changements d’atmosphère (la réalisatrice a d’ailleurs reçu au festival de Cannes 2022 le prix du scénario section Un Certain regard) mais simplement signaler : un basculement -la deuxième partie renverse les perspectives de la première-, la « métamorphose »  (inattendue??) de Walid et le twist final auréolé de la citation de Tchékhov  

 

Le titre ? Il renvoie à une maladie héréditaire spécifique de la région dont le fils de Walid serait victime; par extension métaphorique il peut désigner le  fardeau politique social psychologique d’être palestinien à Haïfa

La parabole ? elle affleure sans contrarier le déroulé du buddy movie (lui-même traité avec ironie). La « dépression » de Walid, celle des Arabes palestiniens incapables de trouver leur place en Israël ? déjà dans personal affairs la réalisatrice (dans le prolongement de Eila Suleiman) avait trouvé le ton « juste »,  celui de la parabole douce-amère ou de la métaphore tapie dans la déclinaison apparemment réaliste du quotidien

 

Toutefois la « mise en scène » souffre trop souvent de « platitudes » et ce, malgré l’alternance entre séquences d’intérieur (où les hommes oisifs gèrent les tâches domestiques alors que leurs femmes travaillent à l’extérieur) et scènes d’extérieur (opposant les bleus et les orangés du bord de mer au vert émeraude de la forêt frémissant d’arcanes insoupçonnés)

 

 " fièvre méditerranéenne" n’en reste pas moins un film que je vous recommande

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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