4 novembre 2022 5 04 /11 /novembre /2022 05:42

De Lukas Dhont (Belgique, Pays-Bas, France 2022)

 

avec  Eden Dambrine (Léo) , Gustav De Waele (Rémi),  Émilie Dequenne (Sophie la mère de Rémi) ,  Léa Drucker, (Nathalie la mère  de Léo)   Igor Van Dessel (Charlie le frère aîné de Léo)   Kevin Janssens 

 

 

Cannes 2022 Grand prix (exæquo avec  avec Stars at Noon de Claire Denis) 

 

Close

 

Ils ont 13 ans, la fougue, l’élan lumineux, l’innocence de l’enfance, ils s’imaginent guerroyant en chevaliers médiévaux ou projettent leurs rêves dans l’espace sidéral; le sillon de leurs vélos ou de leurs courses effrénées perce à travers les herbes, les champs de fleurs, parcourt l’écran et la caméra en vient à caresser leur peau, leurs yeux clos, quand ils dorment côte à côte. Cette toute première partie – où la beauté des lieux des visages de l’environnement, est comme sculptée par le soleil- insiste sur cette phase de la préadolescence imprégnée de tous les plaisirs enfantins : Rémi et Léo forment un couple fusionnel hors des catégories de « masculinité » et de « sexualité ». Chacun en outre  évolue dans un milieu familial bienveillant (Emilie Dequenne et Léa Drucker, en mères aimantes, sont étonnantes de justesse et de pudeur)

 

Mais avec la fin de l’été, l’entrée au collège - suite à une remarque d’une collégienne approuvée par d’autres- va faire basculer l’insouciance originelle vers une prise de conscience ; et ce sera l’évitement plus ou moins forcé (la « violence » de ce milieu, microcosme de la société, est traitée sans jugement moral; après tout, ces  "adolescents" ne reproduisent-ils pas les  "codes" de l’hétéronormativité entendus ou vécus hors de l’enceinte scolaire ?).Léo -pour assumer pleinement sa « masculinité », se détacher de son alter ego - s’adonne à un sport collectif dit « viril », le hockey sur glace et  la récurrence du plan sur le casque grillagé, pourrait métaphoriser l'enfermement, la barrière entre intériorité et monde extérieur, (tout comme la vitre derrière laquelle Rémi regardait son ami patiner, avant le reproche cinglant de Léo) . Dès lors, on assiste à un basculement narratif : Close étant un film sur le « non-dit » (ce qu'on ne peut pas, ne veut pas, ne doit  pas exprimer)  c’est le corps qui prend le relai d’une parole muette pour "dire" le tourment intérieur.(cf les pleurs de Rémi, les regards inquisiteurs de Léo, entre autres)

Rémi représente l’enfance qu’on perd, tandis que Léo entre lui dans l’adolescence affirme le réalisateur

 

Après la tragédie -et là je ne peux participer  au concert de louanges-, Lukas Dhont va retenir  le spectateur comme en otage des sentiments de Léo, en nous immergeant dans son apprentissage de la douleur ; le propos et son traitement (cf « sanglots longs » des violons, plans fixes et prolongés sur les pleurs ) ne rappellent-ils pas le mélo tire-larmes? (qui triomphe d'ailleurs dans la dernière séquence )

 

Cela étant, on sera sensible au jeu des jeunes acteurs : Éden Dambrine (Léo), Gustav de Waele (Rémi) et Igor Van Dessel (le grand frère Charlie) tant leur naturel est sidérant ainsi qu'à cette façon de filmer au plus près (comme dans Girl) à fleur de peau, à fleur de chair comme pour en capter la moindre palpitation, la  vibration la plus ténue

 

Moins organique que Girl ,(Girl - Le blog de cinexpressions) le second film du jeune réalisateur n’en reste pas moins une chronique émouvante (un peu complaisante dans son dernier mouvement) sur l’amitié "à l'épreuve des codes traditionnels hétéronormatifs"  

 

Colette Lallement-Duchoze

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