de Gilles Perret 2022
avec Pierre Deladonchamps, Laetitia Dosch, Grégory Montel, Finnegan Oldfield, Vincent Deniard, Marie Denarnaud, Keith Farquhar, Samuel Churin
sortie nationale le 19 octobre 2022
L’usine Berthier en Haute-Savoie une entreprise de décolletage, doit à nouveau être cédée à un fonds d’investissement…Une nouvelle vente très mal vécue par les salariés qui ont décidé de s’organiser pour racheter eux-mêmes leur usine. Ce n’est pas une brève de l’AFP mais le scénario de Reprise en main, en salles le 19 octobre
ou
Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision en Haute-Savoie. L’usine doit être de nouveau cédée à un fonds d’investissement. Epuisés d’avoir à dépendre de spéculateurs cyniques, Cédric et ses amis d’enfance tentent l’impossible : racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers !
Après des films documentaires : Les Jours heureux, 2013, Les jours heureux - Le blog de cinexpressions ; l’histoire de la Sécurité Sociale (La Sociale », 2016), La Sociale - Le blog de cinexpressions ; le parcours de Jean-Luc Mélenchon (« L’Insoumis », 2018) L'insoumis - Le blog de cinexpressions, les Gilets Jaunes (« J’veux du soleil ! », 2019) J'veux du soleil - Le blog de cinexpressions puis le rôle des femmes dans « les métiers du lien » (« Debout les Femmes ! », 2021), Debout les femmes! - Le blog de cinexpressions Gilles Perret crée une œuvre de fiction, qui lui apporte plus de liberté et l’assurance de ne compromettre personne (propos réitérés lors de la rencontre hier soir à l'Omnia). Le thème ? Il s'inscrit dans une réalité économique et financière: à savoir la "mainmise" des groupes financiers sur le fonctionnement des entreprises (le fameux LBO (leveraged buy-out ou rachat avec effet de levier, est un montage financier permettant le rachat d'une entreprise en ayant recours à beaucoup d'endettement) et le film va mettre en oeuvre (sens propre et figuré) , méthodiquement avec ses espoirs, ses attentes, ses désillusions, la "reprise en main" par les ouvriers eux-mêmes, grâce au montage d’une stratégie qui retournera contre le lobby de la finance, ses propres armes
Il s’ouvre sur une ascension à " mains nues" . Parois verticales de la falaise du Bargy- filmées de façon vertigineuse- qui enclavent abruptement la vallée de l’Arve. Vallée alpine que connaît bien Gilles Perret pour y avoir passé son enfance (comme il le rappelait lors de la rencontre). Montagne symbole d’une "prise en main", d’une ascension ? Cédric (Pierre Delalonchamps) l'ouvrier-varappeur, l’homme qui "monte" ? la récurrence de ces images, l’opposition avec Frédéric (Finnegan Oldfield) lui qui s’entraîne en salle tout en surévaluant ses capacités -avec aplomb et mauvaise foi -, le laisseraient supposer….
Cédric travaille dans une usine de décolletage, comme son père (Rufus) et même s’il avoue que les combats ont changé de nature, il n’a de cesse de faire sien l’idéal prôné par son père, de dénoncer des conditions de travail abjectes (la vétusté de machines cause d’accidents, les cadences qui incitent à ne pas toujours respecter les consignes de "sécurité" -clin d'oeil à 325000 francs de R Vailland?-, les renvois injustifiés) et voici qu’un " rêve social" peut se concrétiser. Cela se fera dans la bonne humeur (cf les soirées bien arrosées avec les potes de toujours ; le rôle de la comptable (Laetitia Dosch) les gaffes à répétition, les portraits-caricatures ciselés telles des eaux-fortes, le groupe local à la musique entrainante Les marmottes, etc.)
Car le film de Georges Perret sans être une utopie (cf la dernière séquence qui fait écho à celle de la « vente aux enchères »…..seuls les « acteurs » auront changé) cherche avant tout à insuffler l’espoir. En cela le pari est réussi (le réalisateur se plaît d’ailleurs à jouer sur la polysémie de l’expression "reprise en main")
Et comme dans ses documentaires, un fil directeur, tel un mantra filmer local, penser global ; l’humain au premier plan!
Raison suffisante pour préférer ses films-documentaires (?)
Colette Lallement-Duchoze