Documentaire de Daniel Geller et Dayna Goldfine (USA 2021)
Leonard Cohen signe, comme Bob Dylan, chez Columbia, et devient une légende. Mais sa carrière prendra un tournant inattendu. Découvrez l’histoire qui l’amènera à se reconstruire et à s’affirmer comme l’un des artistes les plus importants de notre époque. Une inoubliable balade à travers la chanson qui a marqué nos vies.
Prologue :Leonard Cohen lors de son dernier concert (2013) interprète la chanson devenue « mythique » Hallelujah ; le rythme est soutenu, les images se superposent comme en surimpression. Ce prologue "annonce" aussi la narration en 4 actes, - pré- texte à "revisiter" une carrière commencée à 33 ….ans ! car il « faut revenir sur ces chemins tortueux qui ont conduit à …. »
Un documentaire riche en images et documents d’archives , en interviews (citons le producteur et compositeur John Lissauer, la photographe française Dominique Issermann compagne du chanteur au moment de l’écriture de Hallelujah, Nancy Bacal, son amie d’enfance, Larry Sloman qui a précieusement gardé cassettes et films d’entrevues) avec cette confrontation entre les images d’époque et celles du présent au moment des rencontres. Des déclarations du chanteur toujours empreintes d’ironie et/ou d’auto-dérision, son art de l’esquive, ses anecdotes savoureuses (cf sa rencontre avec Bob Dylan). Répétitions, extraits de concert, adresses au public ; bref tout un " matériau" que l‘on est en droit d’attendre d’un documentaire, d'un voyage musical de surcroît
Son intérêt majeur (cf le titre et sa connotation programmatique) est de mettre en parallèle le parcours "accidenté" du chanteur, celui de l’homme et celui de la chanson Hallelujah (between holiness and horniness). Enfantée dans la douleur (l’écriture sans cesse remaniée aura duré 7 ans et l’image récurrente de carnets où sont consignées les notes du chanteur, insiste sur ces " variantes" dictées par la recherche du mot et de l’accord "justes", par une volonté de ne pas dissocier spirituel et érotique, amour de Dieu et de la Chair, quête spirituelle et charnelle), refusée par Columbia (le nouveau directeur la censure) en 1984 (je sens que j’ai une immense carrière posthume devant moi…) C’est Bob Dylan qui en 1988 s’en empare puis en 1991 John Cale (seul sur scène au piano ) MAIS c’est Jeff Buckley qui en 1994 la popularise -par le truchement d’ailleurs de la version John Cale celle que l’on entend dans Shrek…interprétée par Rufus Wainwright). Puis vont défiler toutes les « reprises » orchestrées, télévisées commerciales ou s’inscrivant dans le quotidien (couloirs de métro, mariages, etc.)-, et là on peut craindre le fatras et la saturation– même si la caméra virevolte et que le rythme est rapide grâce au montage de plans courts ; « J’ai obtenu ma petite vengeance, bien sûr que je suis ravi que ma chanson ait été reprise. Mais ça serait bien que les gens arrêtent de la chanter un moment » Mais après tout le documentaire n’illustre-t-il pas le phénomène d’une appropriation collective ?
Une Vie,
un personnage,
une chanson
ou UN destin hors norme
Un documentaire que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze