de David Cronenberg (Canada Grèce)
avec Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart, Scott Speedman, Welket Bungué, Don McKellar, Lihi Kornowski, Tanaya Beatty, Yorgos Karamihos, Yorgos Pirpassopoulos, Nadia Litz, Jason Bitter, Denise Capezza
Présenté au festival de Cannes Sélection Compétition Officielle
Alors que l’espèce humaine s’adapte à un environnement de synthèse, le corps humain est l’objet de transformations et de mutations nouvelles. Avec la complicité de sa partenaire Caprice, Saul Tenser, célèbre artiste performer, met en scène la métamorphose de ses organes dans des spectacles d’avant-garde. Timlin, une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes, suit de près leurs pratiques. C’est alors qu’un groupe mystérieux
Vous allez pénétrer dans les entrailles des corps -sens littéral -et de la pensée -sens figuré.
Epoque indéterminée, futur plus ou moins proche, présent déjà advenu mais dont nous n’aurions pas conscience ? Comme le titre le dit explicitement, l’humanité en est arrivée à un seuil critique de son évolution (germes, fermentation d’une ère nouvelle, catastrophique ; c’est que la population, en train de développer d'étranges tumeurs, apprend à "vivre" sans son enveloppe corporelle, …)
La séquence d’ouverture -enfant, lumière, soleil, clapotis de l’eau, bientôt évanouis, quand à l’intérieur de la villa l’enfant ingère du plastique comme unique nourriture et que la mère commet l’irréparable-, résonne comme un avertissement !!
Et nous allons basculer dans une dystopie! -où les couleurs rouille ou glacées d'un underground vont remplacer l'ambiance solaire - à peine menacée par ces doigts d'enfant qui grattaient la grève ... à la recherche de ?...
Le mot d’ordre nouveau ? ou l’ordre nouveau ? la chirurgie, c’est le nouveau sexe
La recherche du frisson ? ce sera donc dans toutes ces expériences …récupérées par l’Art ! car l’ablation des organes est devenue spectacle - une "performance"… Celle qu’admirent tous les adeptes de Saul - lequel atteint d'un syndrome de mutation génétique, ne cesse de produire de nouvelles excroissances organiques, ce qui le rend de moins en moins humain.
Et même si le scalpel incisant la chair ne provoque qu'un léger grimacement, un léger clignement des paupières témoins du plaisir sadomaso , même si des mains-robot extirpent des organes, l’absence de réalisme et le refus du naturalisme interdisent toute pseudo identification et inciteraient plutôt le spectateur à sourire si ….la "pensée" cachée sous ses faux semblants n’était aussi grave !. De quelle forfaiture le futur est-il devenu le nom ? (ou le non ?)
Certains spectateurs vont interpréter ce film comme une somme testamentaire ! d’autres se plairont à glaner çà et là des références à Videodrome Crash Existenz Faux Semblant ou encore à d'autres films de Cronenberg
Mon impression est mitigée. Passons outre l'intrigue (aux "fausses" allures de thriller)
Autant l’interrogation sur l’art et sa récupération (cf les excroissances organiques les performances) serait passionnante, si elle n'était diluée dans de longs dialogues souvent monocordes et prétentieux. Quant au concept de "paysage intérieur" (un leitmotiv) que l’on accolerait à une « forme » de peinture et de sculpture, il est constamment escamoté : supposons que la dimension spirituelle se soit volatilisée, et que l’anatomie -dans une approche purement fictionnelle- puisse le donner à voir littéralement , pourquoi recourir à tous ces propos verbeux, ces formules pontifiantes?.
Ou alors est-ce de l'humour au énième degré ?
Car l’humour est omniprésent : on retiendra le sarcophage dans sa matérialité étymologique- consumer les chairs, l’éjaculation précoce du "old sex" , la fermeture éclair pour accéder aux organes, la parodie des liturgies et surtout la présence de l’agent double –
comme si le film était un piège pour le public! ou signait, sous le sceau de l'auto-dérision, son propre échec ?
Colette Lallement-Duchoze