24 juin 2022 5 24 /06 /juin /2022 09:41

de  Ronny Trocker  (Allemagne Italie Danemark 2021)

avec Mark Waschke, Sabine Timoteo, Jule Hermann, Wanja Valentin Kube, Hassan Akkouch, Isaak Dentler, Daniel Séjourné, Hannes Perkmann, Marie Rosa Tietjen, Steve Driesen

 

Présenté en première mondiale au Festival du film de Sundance le 29 janvier 2021.

 

à voir sur Mubi

 

https://mubi.com/fr/films/human-factors

 

 

Nina, Jan et leurs enfants forment en apparence une famille idéale. Mais qui donc a bien pu s'introduire dans leur maison secondaire, alors même qu'ils se trouvaient sur les lieux ? Qui a vu quoi, et qui cache quelque chose ? Un trouble inquiétant plane... (Synopsis  fourni par le Festival International du Film de La Roche-sur-Yon)

 

 

 

Human Factors

 

Personnellement, j’aime qu’un film offre plusieurs interprétations, mais c’est aussi un risque. Ronny Trocker

 

 

Le film s’ouvre sur une sorte d'"état des lieux":  balayage (avec gros plans et travellings latéraux) sur tout ce qui compose le rez-de-chaussée d’une maison, avant que n’arrive une famille (Jan, Nina et leurs deux enfants). La fille Emma s’installe devant le téléviseur, Max cajole son rat, Nina s’isole pour fumer, Jan part faire quelques courses. A son retour de la supérette c’est le branle-bas : la maison a été visitée (cambriolée ?) en leur présence ; le rat a disparu, Nina saigne du nez, Jan est sommé de  "vérifier"  l’éventuelle présence des intrus dans le jardin, un bruit suspect un coup de bâton….

Générique.

Un prologue comme condensé de ce qui va suivre ? et/ou aboutissement de ce qui a précédé?  par le ton (une impression d'étrangeté) par la thématique de la "distorsion" des liens familiaux? : rébellion de la fille Emma, isolement de Nina, amour inconsidéré de Max pour Zorro son rat, chacun comme replié sur lui-même visuellement séparé par la caméra? 

Une séquence comme matière et matrice ? (réalité ou fantasme que ce cambriolage ? alors que la radio informe sur l’insécurité ? )

 

Si une vision parcellaire trouble la compréhension, voir la situation dans son ensemble sera le fait d’un montage qui ressemble à un puzzle avec éclatement chronologique et faux semblants des lumières (anomalies apparentes délibérées ?). Car la séquence d’ouverture sera reprise plusieurs fois (angles et points de vue différents) inscrite dans un autre contexte -celui qui chronologiquement a précédé ou celui qui suivra (le lendemain, la virée sur la plage la venue de Flo le frère de Nina le restaurant chez Frédéric) et à chaque itération (déformée par le prisme des points de vue subjectifs) elle se charge d’éléments informatifs nouveaux qui iront de pair avec de nouveaux questionnements ou d’éclaircissements (comme a posteriori) ; par exemple on comprendra mieux pourquoi Jan et Nina ont décidé de partir quelques jours dans la maison de vacances sur la côte belge ou l’importance du téléphone. De même le film est traversé d’échos intérieurs (la soirée d'Emma avec son amie Amélie, les masques comme préfiguration du plan final ? la recherche des "intrus" au début et en écho, au final, celle de Max)?); il obéit aussi à la dynamique du "double"  la réalité et sa perception , la parole et ses non-dits, le présent et des secrets "enfouis", une famille bilingue, deux lieux (Belgique Allemagne) la maison sur la côte belge et l'appartement en ville (avec le passage récurrent du métro) ou l'agence (lieu de travail), les deux  enfants tiraillés entre une mère trop présente -et compréhensive- et un père "fouettard" ; on pourrait multiplier les exemples!!

 

 

Sur fond de xénophobie, en pleine campagne électorale, dans le fatras d'infos qui se contredisent, nous assistons  au délitement d’un couple, d’une famille - personnages souvent filmés  de dos, présence de vitres, choix de couleurs  délavées ternes grises , et procédés de surimpression comme autant d’obstacles à une franche communication???

 

Un film que je vous recommande (même si le minimalisme et les  "faux" rebondissements peuvent l’apparenter à un "exercice de style"  et dérouter le spectateur)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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