14 avril 2022 4 14 /04 /avril /2022 11:30

d’Étienne Comar (2021)

avec  Alex Lutz, Agnès Jaoui, Veerle Baetens Marie Berto Hafsia Herzi Fatima Berriah Anna Nadjer 

Luc est un chanteur lyrique renommé. En pleine crise personnelle, il accepte d’animer un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Il se trouve vite confronté aux tempéraments difficiles des détenues. Entre bonne conscience et quête personnelle, Luc va alors tenter d’offrir à ces femmes un semblant de liberté.

A l'ombre des filles

Pour illustrer une thématique pour le moins éculée (rôle libérateur de l’art en général, du chant en particulier, en milieu carcéral) le réalisateur a choisi le format carré 1,33:1  (4/3) : c'est celui des pochettes de disque (et le film est d'ailleurs traversé de chansons/hommages), c'est aussi celui du portrait (éliminant toute fioriture, il permet de se concentrer sur un visage et il se prête aux gros plans); mais c'est surtout celui de l'enfermement ; or dans le contexte de  à l’ombre des filles, n'y aurait-il  pas redondance? ….Oui quand un très gros plan sur un visage envahit l’écran et que les limites du cadre rappellent les barreaux. Mais quand dans ce même format -très resserré- le cinéaste aligne les 6 visages on a l’impression qu’ils sont « hors cadre », (Magie de l’expérience collective ??)  Et des vues en plongée ou contre plongée (cellules, sas entre deux portes) vont précisément accentuer l’impression d’étouffement malsain (d’autant que nous sommes en été et que le système d’aération est déficient voire inexistant) A cela s’ajoutent les couleurs laiteuses opalines ou carrément blanches de ce centre très « moderne » qui surlignent l’impersonnalité -euphémisme pour inhumanité-  du lieu de détention

 

Le spectateur restera toujours « à l’ombre » de ces femmes. Jamais il n’apprendra les causes de leur enfermement (même si par bribes quelques indices sont distillés çà et là). Car précisément l’enjeu est ailleurs. Et l’alternance entre les séquences à la prison (répétitions, opposition entre la bienveillance de Luc et la méfiance des détenues) et celles en extérieur,  consacrées au  "chanteur",   le prouverait aisément. Luc (Alex Lutz) est quasiment de tous les plans. Et c’est son "trauma"  qui est au cœur du film. Exorciser un mal (avoir précipité la mort de sa mère par négligence) sortir de sa réclusion intérieure, c’est bien la raison pour laquelle il a accepté ce  "job" provisoire. Et avec l’aide de Catherine (Agnès Jaoui) il accédera peut-être à la « lumière » (le tout dernier plan est d’ailleurs révélateur)

Certes on peut déplorer une certaine « platitude » dans  la mise en scène, le choix des « chansons et des airs d’opéra », l’inutilité -ou du moins la longueur- de certaines séquences  (celle du cunnilingus par exemple).  Mais il convient de saluer la prestation d’Alex Lutz (acteur polymorphe) et de ces comédiennes -qui par-delà des réactions épidermiques parviennent à suggérer une complexité intérieure qui jamais ne se démentira

 

Colette Lallement-Duchoze 

 

NB  Faire abstraction des couacs et fausses notes .... car dans ce film (intentions de l'auteur) le plus important est de  "se reconnecter émotionnellement à l'autre et à soi-même"

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