22 mars 2022 2 22 /03 /mars /2022 09:44

d'Alain Guiraudie  2020

 

avec Jean-Charles Clichet , Noémie Lvosvsky, Illiès Kadri, Michel Masiero, Doria Tillier, 

Clermont-Ferrand, à la veille de Noël. Un attentat terroriste plonge la ville dans un état de panique. Dans ce climat tragique, Médéric, un jeune homme d’une trentaine d’années, tombe follement amoureux d’Isadora, une prostituée plus âgée. Mais la paranoïa collective va bientôt fragiliser leur nouvelle union.

 

 

 

Viens je t'emmène

 

Viens je t’emmène au rythme de mon jogging incertain de quadra, place de Jaude et la statue de Vercingétorix,  dans ces rues, ruelles, dans cet hôtel de passe Le France, dans mon appartement  ou à l'affût près du pavillon d'Isadora; viens je t'emmène savourer les fragrances de la ville, respirer les odeurs de ce corps fellinien entendre l'explosion l'apothéose au cri primal

 

Viens je t’emmène Ailleurs loin des apparences convenues (est-on immanquablement terroriste quand on est musulman?) dans des coïts ou des cunnilingus inespérés (une prostituée âgée n’en serait-elle pas moins nympho?)  

viens je t’emmène loin des discours convenus (les commentaires télévisés suite à un attentat frappent par leur vacuité) loin des idées reçues (les palabres sur le palier  "résonnent"  comme un conciliabule en haut lieu que rythme une lumière qui ...s’éteint ...à intervalles réguliers)

 

 

Le personnage principal Médéric (admirablement interprété par Jean-Charles Clichet) non seulement est au cœur de cette comédie parfois grinçante, aux allures de vaudeville qui mêle tous les problèmes de notre société (attentat terroriste, prostitution, conflits avec les jeunes des cités, violence conjugale, repli identitaire) mais il incarne avec une fausse distance ou du moins un semblant d'impassibilité (humour  décalé) des problématiques dont il serait peu ou prou -et à son insu- à la fois le fomentateur et la victime (amoureux d’une prostituée, il subit les foudres du mari jaloux ; il accueille un SDF... qu’il suspecte d’être terroriste, etc..)

 

Certes le comique de situation, de répétition, des dialogues peut sembler éculé mais ne s’inscrit-il pas dans cette volonté de  "tordre le cou"  aux faux semblants , aux stéréotypes dans une valse des désenchantements à la redoutable efficacité !!

 

A ce comique par l’absurde on peut bien évidemment préférer l’inconnu du lac L'inconnu du lac - Le blog de cinexpressions ou rester vertical Rester Vertical - Le blog de cinexpressions

 

Mais viens je t’emmène n’en reste pas moins une œuvre troublante dérangeante (explorer radiographier nos angoisses avec burlesque), et ….jubilatoire !

 

Colette Lallement-Duchoze

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