16 mars 2022 3 16 /03 /mars /2022 17:35

Documentaire d'Emmanuel Gras (2021)

En octobre 2018, le gouvernement Macron décrète l’augmentation d’une taxe sur le prix du carburant. Cette mesure soulève une vague de protestations dans toute la France. Des citoyens se mobilisent dans tout le pays : c’est le début du mouvement des Gilets jaunes. À Chartres, un groupe d’hommes et de femmes se rassemble quotidiennement. Parmi eux, Agnès, Benoît, Nathalie et Allan s’engagent à corps perdu dans la lutte collective. Comme tout un peuple, ils découvrent qu’ils ont une voix à faire entendre.

 

Un Peuple

La maison près des HLM a fait place à l’usine et au supermarché. Les arbres ont disparu, mais ça sent l’hydrogène sulfuré, l’essence, la guerre, la société... »

C’est sur cette chanson de Nino Ferrer que s’ouvre le film (tout un symbole! et la thématique annoncée  de la mise en périphérie aux sens propre et figuré) …alors que nous découvrons en surplomb la cathédrale de Chartres et par des travellings latéraux un quartier pavillonnaire, des HLM, des zones industrielles avant qu’une vue aérienne ne fige l’hypermarché : ce « carrefour » de la « voiture » de l’essence, du coût du carburant…déclencheur de la révolte en 2018 (à noter que la figure circulaire, le carrefour, le rond-point reviendra en leitmotiv, parée de significations différentes selon qu’elle est déserte, habitée par des humains cf l'affiche ou des « voitures »)

 

Cette « entrée en matière » donne l’impression d’un paysage apparemment sans âme

C’est alors que s’embrase la Vie. Oui celle de ces être soudés par leur soif de justice, leur volonté d’en découdre avec un système qui ne cesse de les précariser. Celle de ceux qu’on appellera « les gilets jaunes »

Emmanuel Gras va à leur rencontre et les suivra durant six mois Un carton nous avait avertis dès le début (le film ne « raconte pas les gilets jaunes mais un groupe qui a pris racine près de Chartes).

Le documentariste les filme sur leurs lieux de rassemblement -les ronds-points, les péages- leurs lieux de réunions (salles ou appartements), à Paris lors de manifestations de plus en plus violentes. Il multiplie aussi les approches : portraits (dont quatre fortement individualisés) avec entretiens face à la caméra, mouvements de masse ; tout comme il diversifie les « moments » - de ces petits matins où le froid gerce les visages, de ces soirs embrasés par les flammes des palettes, de ces ciels plombés ; il alterne les « ambiances » : sulfureuses (Paris) intimes (des « confessions » d’une sincérité émouvante) conviviales

 

 

Ce qui frappe c’est la parfaite adéquation entre la « dramatisation » intrinsèque au film et celle du mouvement. De sa naissance dans l’euphorie, la solidarité, les tâtonnements, jusqu’au découragement en passant par des attentes aussi insensées que nécessaires, des frictions au sein même du groupe et des constats désabusés 

 

Et si depuis 2018 les spectateurs ont connu d’autres drames, la sortie de ce film en 2022 ne peut être que salutaire !!

Oui la parole existe et la citoyenneté n’est pas liée au calendrier électoral, elle est de tous les jours !! 

 «On s’est aperçus qu’on était nombreux à avoir honte chacun dans notre coin, Ensemble, on s’est aperçus que l’on avait beaucoup moins honte"

 

Colette Lallement-Duchoze

 

sur Emmanuel Gras 

 

Bovines ou la vraie vie des vaches - Le blog de cinexpressions 2012 

300 hommes - Le blog de cinexpressions 2015 

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