Documentaire de Marta Popivoda et Ana Vujanović (Serbie 2021)
Prix des bibliothèques - Cinéma du réel 2021
à voir sur Tënk
"Paysages résistants” plonge dans les souvenirs de Sonja, 97 ans. Cette combattante antifasciste fut l’une des premières Femmes Partisanes de Yougoslavie et également une des chefs de file du mouvement de résistance au camp d’Auschwitz-Birkenau. Son histoire voyage à travers le temps et s’incarne dans une nouvelle génération antifasciste, entretenant l’idée qu’il est toujours possible de penser et de pratiquer la résistance.
Marta Popivoda et sa compagne Ana Vujanović filment Sonja Vujanović à Belgrade depuis quatorze années, recueillant le récit tumultueux d’une femme à la guerre. Des paysages viennent se poser délicatement sur cette parole, la faisant résonner, au passé comme au présent. Le militantisme de l’aînée vient alors progressivement en rappeler un autre, celui du couple, ayant fui la Serbie et son "capitalisme sauvage de périphérie européenne, l’homophobie et le populisme". Deux résistantes antifascistes dans un nouveau siècle où la lutte semble plus que jamais nécessaire. La passation s’opère au fil du film, la parole de résistance de Sonja vient s’incarner dans les lieux et corps des deux femmes. Elles composent ainsi non seulement un mémorial cinématographique, mais surtout, un "film partisan" pour le futur proche, par refus du silence. Car du sang versé au siècle dernier, il reste dans les champs de blé des coquelicots, toujours présents pour en témoigner.
Aurélien Marsais Programmateur
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Un mal sous son bras
Prix du court métrage Tënk - Cinéma du réel 2021
Le soir, un groupe d’hommes se réunit sur le stade d’une école d’élite qu’ils ont autrefois fréquentée. Certains d’entre eux sont les grands gagnants de cette société nouvelle. Les successeurs des colons dont ils épousent les usages.
D'un mouvement double, allant des limbes vers les hauteurs d'une part, et d'un rivage conquis vers des zones sauvages d'autre part, voici une spirale filmique dont l'axe est l'histoire du Liban. La narration emprunte au récit onirique, au détournement d'images, au traité politique marxiste, au conte philosophique… Dérouté·e, curieux·se, la spectatrice et le spectateur sont incité·es à réadapter leur perception, leur perspective et par là-même à aiguiser le regard. Comme un indicateur subtil, la voix off cède la narration au titrage et, comme par une passe d'art martial, le regard se renverse. D'un pas de côté, d'un coup d’œil vers l'obscur, s'amorce une reconquête joyeuse. Par l'opération d'un regard, les conquérants sont conquis, et l'Histoire peut se retourner, le temps d'un film.
François Waledisch Ingénieur du son