de Kenneth Branagh (Grande Bretagne 2021)
avec Jude Hill Jamie Dornan, Caitriona Balfe, Ciarán Hinds, Judi Dench
Irlande Été 1969 : Buddy, 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité. Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier. Buddy découvre le chaos et l’hystérie, un nouveau paysage urbain fait de barrières et de contrôles, et peuplé de bons et de méchants.
Une vue aérienne en couleurs sur la ville de Belfast aujourd'hui (en écho lui répondra le plan final) Ainsi s’ouvre le film de Kenneth Branagh. Mais ces premières photos censées mettre en valeur l’aspect cinégénique de la ville, l’enferment plutôt dans des images-clichés pour touristes !!! et d’emblée elles peuvent mettre mal à l’aise certains spectateurs….
Puis passage au noir et blanc ; la couleur «NB » du flash back serait-elle forcément celle du passé ? alors que des extraits de films – de l’époque- sur petit écran sont restitués en couleurs ???
Eté 1969. Voici Buddy enfant (le double de Kenneth Branagh?) au sein d’une famille aimante (parents et grands-parents pleins de sollicitude) et parmi des camarades d’école ou de jeux. Lui qui "joue" à la « guerre » -contre les dragons- armé d’un écu de pacotille n’a d’yeux que pour la belle Catherine et leur différence de religion (lui, protestant, elle, catholique)- n’a aucune incidence sur « le cours des choses ». Un univers quasi édénique !! Et soudain la violence !!! Celle des affrontements entre catholiques et protestants.- qui veulent « dégager » les premiers de leur quartier. Un embrasement incompréhensible pour Buddy; hébété il s’en évade par des "images" celles des salles de spectacle celles du petit écran (émerveillé il découvre entre autres les « classiques » de la production hollywoodienne et les "stars" John Wayne, Gary Cooper, Raquel Welch)
Une plongée dans l’enfance -comme dans Hope and Glory de John Boorman-, un retour aux "sources" de la "création"? -découvrir le cinéaste qu’il sera ? ou du moins montrer comment cette période trouble, tragique aura joué le rôle de creuset, de gestation (initiation aux comics, à Shakespeare grâce à la grand-mère) pour l’œuvre à venir.? Peut-être. Mais si tel est le cas avouons que chez Kenneth Branagh (à l'opposé de Boorman) tout semble « faux » « artificiel » Ici on pourrait énumérer des « dysfonctionnements » en dresser le catalogue (de l’utilisation du noir et blanc jusqu’au simplisme censé définir tel ou tel personnage en passant par le choix d’une succession de « vignettes » que lustrerait ce fameux temps mécanique allié qu’on le veuille ou non au temps intérieur). Contentons-nous de « cerner » le personnage principal, l’enfant, puisque tout est censé être filmé de son point de vue (pour la vraisemblance). Non pas à travers mais par ses yeux (d’où l’abondance des plongées et contre plongées). Or ce qui choque c’est moins l'absence de questionnement sur les « troubles » (euphémisme) -questionner et contextualiser seraient l’apanage des adultes- que le manque d’imagination, de folie, à tel point que Belfast sue la mièvrerie le formatage bien propret (celui qui colle à Buddy et partant, à la plupart des autres personnages)
Mais si le dilemme « partir/ rester» est la thématique essentielle, alors oui le questionnement est plus recevable. Le père protestant amené à travailler en Angleterre est souvent absent-. Pacifiste, il refuse de participer aux « émeutes » de ses coreligionnaires, de s’enrôler chez les orangistes et devient de facto une cible (par ricochet les siens sont inévitablement visés). Le choix sera douloureux mais c’est celui de la « survie «
Le battement vital s’amenuise ou s’amplifie : c’est la leçon de la grand-mère tapie dans l’embrasure d’une porte quand démarre le bus vers un ailleurs !!!
Impression plus que mitigée
Colette Lallement-Duchoze