Film coréalisé par Luc Hermann et Valentine Oberti. (sortie le 16 février)
coproduction Mediapart et Premières Lignes
programmé le 17/03 - 20 h - Rouen - Omnia. En présence de Lénaïg Bredoux et l’équipe du Poulpe Média
Produit par Mediapart et Premières Lignes, une société de production spécialisée dans le journalisme d’investigation et notamment productrice de Cash Investigation sur France 2, ce documentaire réalisé dans un style très télévisuel est davantage un best-of du pire des menaces auxquelles doit faire face la presse aujourd’hui qu’une véritable enquête. En moins d’une heure trente, il démontre à partir d’une série d’exemples concrets en quoi la concentration des médias entre les mains de quelques grands patrons pose un réel problème pour la démocratie.
Il y a ce que vous voyez, ce que certains souhaitent que vous voyiez, et ce que vous ne voyez pas.
Media crash n’est pas œuvre de cinéma mais une « contribution citoyenne » aux malaises actuels pour un débat public privatisé (confisqué) par les 9 milliardaires qui possèdent 90% des grands médias.
Ce qui explique la programmation dans les salles en présence de journalistes ou spécialistes à partir du 16 février 2022
Le documentaire est scindé en 3 parties Les Incendiaires /Les Barbouzes/Les Complices. Il allie interviews, face-à-face, (en donnant la parole à des experts, journalistes, chercheurs du CNRS) images d’archives que commente une voix off (ainsi de ces vues en plongée étonnantes sur le port d’Abidjan pour les « affaires africaines » du groupe Bolloré). Et quand on ne dispose pas d’images/preuves, les appareils d’enregistrement envahissent l’écran (on entend les voix de Squarcini Arnault Pierre Godé)
Liberté de presse bafouée, entraves et représailles. Ainsi le Monde privé de « publicités » par Havas (propriété de Bolloré) suite à une enquête dénonçant les activités de barbouzes du groupe en Afrique; un journaliste d’investigation de France 2 Tristan Waleckx, présentateur de « Complément d’enquête », accusé de suborner des témoins en Roumanie lors de son enquête sur la fabrication de chaussures, avant que n’éclate la vérité…Valentine Oberti, victime de pressions gouvernementales, puis d’un « rappel à la loi » durant six ans, (elle avait osé interroger la ministre des armées Florence Parly sur la vente d’armes destinées à l’Arabie saoudite dans la guerre contre le Yémen)
Les exemples ne manquent pas …. Certains sont glaçants…
Sur le « fond » proprement dit, hormis les séquences de la fin, les abonnés de médiapart (qui ont bénéficié de l'avant-première mardi 15) auront l’impression de « revoir » certaines « affaires » (Cahuzac, Ruffin et le making-of de son film « merci patron », financement de la campagne de Sarkozy, les palinodies de Ziad Takieddine) et d’assister à une forme d’auto promotion du journal (indépendance affichée, pugnacité de ses journalistes d’investigation, etc …) tout en sachant que Médiapart n’est pas à l’abri de certaines critiques « justifiées »...
Quant à la « promotion » d’Eric Zemmour, elle n’est pas née avec CNews ni C8 (TPMP), mais il y a bien longtemps avec la complaisance de journalistes (télévision publique) (cf. analyse dans le n° 41 d’Acrimed « médias et extrême droite ») Droitisation du champ politique (1980 1990) et reconfiguration du champ médiatique aligné sur une course aux revenus publicitaires, sur le mode de traitement de l’info importé de la tv ….La polarisation médiatique autour d’Eric Zemmour est une matérialisation concrète de 30 années de banalisation de l’extrême droite dans et par les médias dominants
Collusion pouvoir et médias ? (Troisième partie « les complices ») je vous renvoie au film documentaire coup de poing Les nouveaux chiens de garde (2012) LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE - Le blog de cinexpressions
Un documentaire synthétique et pédagogique certes dont la portée va dépendre des débats qui suivront les projections dans les 50 salles où il est programmé en février et mars 2022
C'est un documentaire d'intervention qui, une fois terminé et que la salle se rallume, nous l'espérons, suscitera le débat et la discussion. Valentine Oberti
Au final, les vrais « perdants » de cette mainmise éhontée sur les médias, ne seraient-ils pas -comme souvent d’ailleurs- les citoyens ?
Colette Lallement-Duchoze
PS à méditer " le mensonge prend l'ascenseur quand la vérité prend l'escalier " (proverbe africain)
PS lire l'article revue Reporterre
https://reporterre.net/Pour-la-liberte-de-la-presse-et-la-democratie-stoppons-Bollore?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_hebdo
Face aux poursuites-bâillons de Bolloré : nous ne nous tairons pas (reporterre.net)2018