Documentaire de Abdallah Al-Khatib (Liban France Qatar 2021 )
Grand Prix et le Prix des Étudiants du Festival 2 Cinéma de Valenciennes 2021.
2021 : ACID Cannes - Cannes (France) –
Sélection 2021 : Visions du Réel - Nyon (Suisse) - Prix Interreligieux - Compétition Internationale Longs Métrages
Cinemed 2021 Prix Ulysse
War on Screen 2021 prix de la presse
Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (banlieue de Damas en Syrie), plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. Yarmouk se retrouve alors isolé et le réalisateur témoigne des privations quotidiennes, tout en rendant hommage au courage des enfants et des habitants du quartier.
La genèse de ce film? Elle est expliquée dans les deux génériques. Abdallah Al-Khatib a vécu à Yarmouk, il a documenté le quotidien et quand en 2015 le camp passe sous le joug islamique, il fuit en Allemagne et c’est là qu’il « se replonge dans ce matériel filmique » où s’impose un impressionnant travail de montage Little Palestine, journal d’un siège. Un film comme « nécessité de survie » -dans les deux sens propre et figuré-. ?
Guidé par sa voix, nous allons suivre le réalisateur à l’intérieur du camp. Deux approches, image et texte, deux façons d’appréhender le réel, à la fois entrelacées et concomitantes Un texte: qui ne se contente pas d’illustrer une réalité -souvent insoutenable- mais la transcende par une réflexion à la fois politique et poétique ; l’image qui n’est pas plate reconstitution dans le "rendu" mais qui par des «"jeux" d’échos et/ou de non-dits (le camp et le régime syrien ; l’histoire personnelle et collective) par la récurrence de certains plans (la rue, les façades, la foule) imprime au vécu testimonial (texte) une portée presque universelle ; où le temps support et attente infernale, contamine de sa férule l’exiguïté de l’espace…
Voici un camp -Yarmouk dans la banlieue de Damas – en état de siège-, une prison à ciel ouvert, un lieu maudit où les besoins élémentaires (nourriture, médicaments) ne seront plus satisfaits, où les concepts de Vie et Mort vont changer d’essence, d’acception, où le chant « ma Palestine » surgi du tréfonds d’un corps qui est aussi le tréfonds de l’Histoire, devient un palimpseste, où la longue séquence consacrée à une gamine déjà « désabusée » alterne avec l’errance d’un mendiant, où l’exaltation et la joie (piano en pleine rue, chants et chansons, rires d’enfants), peuvent triompher parfois des colères (cf la rue envahie de ces manifestants scandant « Yarmouk agonise ») et des servitudes,
et pourtant
Le siège est un long emprisonnement fait d’attente et d’ennui qui ne pose pas de limites aussi claires que les barreaux d’une prison : il s’étale comme un désert écrasé de chaleur en plein été. Le siège est un chemin qui conduit à la folie et au suicide, et le seul moyen d’en réchapper c’est de trouver une idée qui vaille la peine de vivre Abdallah Al Khatib
Petite Palestine, prolongement des souffrances de la grande Palestine ?
Little Palestine, journal d’un siège un documentaire qui allie l’efficacité -du témoignage-, à l’esthétique -de la forme-,
à ne pas rater
Colette Lallement-Duchoze