5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 04:41

de Jonas Bak  (Allemagne 2021)

avec Anke Bak, Ricky Yeung, Alexandra Batten, Theresa Bak  

 

Sélection (6ème édition) arte kino 

 

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Lorsqu’elle prend sa retraite, une mère quitte son pavillon d’une paisible bourgade en Forêt-Noire, rompant avec ses souvenirs d’une vie de famille idéale. Elle prend l’avion pour Hong-Kong, alors secouée par les manifestations pro-démocratie. Elle sait que son fils y vit, mais c’est en solitaire qu’elle va suivre un véritable chemin initiatique

Wood and water

 

Majestueuse lenteur : celle des pas de cette femme (interprétée par la mère du cinéaste) en harmonie avec les paysages alentour. En une suite de petits tableaux -plans fixes et parcimonie des paroles- et avec une grande sensibilité, le réalisateur   rend palpables l'écoulement du temps et la "tristesse flottante" .de  son personnage principal.  Filmée de dos dans l’église au moment où elle va la quitter définitivement, attablée  avec pour seuls compagnons le tic-tac de l’horloge, ou un chat, Anke promène,  un regard presque « apeuré » sur sa solitude de retraitée et de veuve. Solitude qu’elle cherche à rompre en invitant ses enfants dans l’ancienne maison de vacances familiale sur la côte baltique. Des plans larges sur la compacité de la forêt ou l’étendue de la mer et cet amer constat papa n’est plus là, ce temps n’existe plus et ne reviendra jamais".

Son fils ne peut se déplacer ? prétextant le bras de fer entre les manifestants et la politique chinoise, c’est elle qui ira vers lui.

Ellipses. Et surtout une façon très originale de filmer la transition de l’Allemagne à Hong Kong : tout en fluidité avec travellings ascendants et descendants qu’accompagne la bande-son de Brian Eno. Aux massifs boisés se substituent des gratte-ciels qui saturent l’espace urbain (vus en plongée et contre plongée) Elle, Anke comme « perdue » avec sa valise à roulettes. Et pourtant malgré le désenchantement (elle ne verra pas son fils mais logera dans son appartement) elle se nourrit de « rencontres » et son séjour acquiert la force vive de l’initiation : le gardien de l’immeuble, le médecin de son fils, la séance de tai-chi, le prof de dessin retraité, la lecture de son thème astral (explication du titre) autant de moments intenses dans leur singularité, autant de « révélations » à la fois sur elle-même et sur le parcours de son fils. A la nostalgie et la « tristesse flottante » qui imprégnaient la première partie se substitue progressivement (et dans le contraste même entre l’agitation trépidante de la ville et les pauses de sérénité dont la séance de tai-chi) une forme d’apaisement

 

Exigence et rigueur de chaque plan, effets spéculaires, ambiances (celle bleutée de l’appartement où le soir Anke revient à la solitude fondamentale par exemple) lenteur calculée (à l’instar des plans fixes prolongés) : telle est bien l’originalité formelle de ce premier long métrage qui traite avec délicatesse de l’amour maternel et s’interroge avec subtilité sur notre rapport à l’espace

 

On retiendra ce plan où la gracilité des ajoncs rappelle les estampes japonaises, la manifestation à Hong Kong vue en plongée qui oppose les arrondis des parapluies aux  immenses parois rectilignes des immeubles ou encore cette masse de verdure qui se mire dans l’eau…

Un film que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

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