Premier long métrage de Karin Heberlein (Suisse 2020)
avec Ania Gada (Sami) Rabea Lüthi Rabea (Joe) Jana Sekulovska (Leyla ) Karim Daoud (Nadi)
Zurich Film Festival 2020, Focus Competition Zurich Film Festival 2020, Audience Award
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Sami, Joe et Leyla ont seize ans et sont prêtes pour le meilleur été de tous les temps. Enfin, la vie peut commencer, comme elles l'avaient toujours imaginé. Mais ce que l'été leur réserve n'a rien à voir avec leurs rêves. Au contraire. Il leur arrache le tapis sous leurs pieds. C'est nager ou couler - et couler, comme le savent les trois amies, n'est pas une option.
Non pas un énième film sur l’adolescence et le passage difficile vers ce qu’il est coutume d’appeler « l’âge adulte » mais un portrait sensible sincère ( ton juste) de l’amitié au moment où s’imposent des choix décisifs et que l’on bascule vers…ou dans…
Avec cette devise comme fil d’Ariane que Leyla, la narratrice, emprunte à sa mère
« Garde toujours dans ton âme plus de rêves que la réalité ne peut en détruire »
Construit comme un drame en plusieurs « actes » il débute par des séquences au rythme enlevé- avec une alternance entre scènes d' extérieur où les adolescentes se confondent dans l’unité du trio et scènes de la vie familiale -où chacune doit assumer des relations plus ou moins complexes avec ses parents, et dans un cadre de vie spécifique.
C’est l’été : on rit bavarde on se confie des secrets on s’éclate on caresse des rêves fous et ce, dans cet environnement de barres d’immeubles que la réalisatrice filme en plongée ou contre plongée pour mieux opposer la compacité verticale aux aplats des espaces verts
C’est l’été et la fin de l’année scolaire.
Progressivement la confrontation avec le « monde du travail » (Leyla puis Joe) et l’insoutenable éducation punitive (Sami) risqueraient de balayer les « rêves » liés jusque-là à l’insouciance de l’été (conçu comme un temps lequel on peut profiter de la liberté retrouvée) et de fissurer l’amitié ? MAIS
Garder la tête haute ! malgré tous les malgré ! sauvegarder cette amitié seule « planche de salut » dans ce monde où des adultes autoritaires pervers mesquins cherchent à les déstabiliser. Seule l'enseignante Mme Novak (Linda Olsansky) semble être à l’écoute de ces adolescentes !
Il est des stigmates indélébiles ! (cf les gros plans sur le visage devenu sérieux de Joe ou les pleurs qui perlent sur celui de Sami) ! il est des vengeances redoutables (ici ne pas spoiler)
Authenticité et naturel ! oui c’est bien la qualité d’une interprétation, qui colle au quotidien, au service d’une interrogation sur la « normalité » et les formes que revêt le combat pour « survivre »
Un film à voir de toute évidence
Colette Lallement-Duchoze