19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 06:41

de Jean-Christophe Meurisse (Belgique 2021)

avec Denis Podalydès, Christophe Paou, Blanche Gardin, Céline Fuhrer, Alexandre Steiger, Olivier Saladin, Lilith Grasmug Fred Blin, Lorella Cravotta, Vincent Dedienne, Guilaine Londez , Patrice Laffont Pascal Tagnati 

 

Au même moment en France, un couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre est soupçonné́ de fraude fiscale, une jeune adolescente rencontre un détraqué sexuel. Une longue nuit va commencer. Les chiens sont lâchés.

Oranges sanguines

 

 

C'est le deuxième film de Jean-Christophe Meurisse (rappelez-vous Apnée 2016  Apnée - Le blog de cinexpressions); son  titre est peut-être un clin d’œil à Kubrick (? ) En tout cas domineront les deux couleurs, (orange et rouge) parées de leurs connotations -des plus évidentes au plus symboliques : cynisme et perversité masqué.e.s par la fragilité ou l’affabilité,  avec la récurrence de la pulpe et du jus….Attention comédie méchante 

Le film s’ouvre sur une discussion « musclée », une délibération du jury d’un concours de rock local en vue de sélectionner les danseur.se.s finalistes : le handicap est-il soluble dans le rock ? inclusivité de la compétition  ou assistanat éhonté voire absurde ?  discrimination positive?  la question « la mongolienne a-t-elle bien le droit de danser le rock ? reste comme en suspens…Serait-ce l’illustration des « fractures » (sociales sociétales idéologiques de notre pays ?) Et bien sûr il sera question de passer au crible – acide et acerbe - anomalies  et dévoiements de notre société, de fustiger le pouvoir  et surtout de s’attaquer à « la pensée unique » (en vrac : un ministre de l’économie en flagrant délit de fraude fiscale, la taxation des avortements pour renflouer les caisses de l’Etat, le surendettement suicidaire, la collusion des pouvoirs, politique et judiciaire, des pervers tueurs en liberté, ou même plus physiologique le devenir « escalope » d’un jeune sexe…féminin)

 

Nous allons croiser la trajectoire de plusieurs personnages victimes du système patriarcal et néolibéral (le couple de retraités surendettés, leur fils Alexandre avocat transfuge de sa classe, une ado qui se prépare à ses premiers rapports sexuels) et celle de « prédateurs » (sens propre et figuré) : un chauffard, un ministre de l’économie, un pervers tueur. Les scènes se succèdent avec une forme de crescendo qui va des déraillements aux outrances et le spectateur risque de « décrocher » avec le basculement qui s’opère dans la seconde partie -annoncée par la phrase de Gramsci en encart :le vieux monde se meurt le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres  

 

Clair-obscur et dénouement tragique pour ce couple d’amants magrittiens, mais la chanson de Barbara bénit leur suicide (c’est parce que je t’aime) ; dénouement trash pour le violeur kidnappeur (émasculé par sa victime ; Jean-Christophe Meurisse dit s’être inspiré d’un fait divers américain) dénouement grotesque pour le ministre (de sodomie en sodomie jusqu’à une forme de crucifixion ; son corps nu « parade » devant l’Assemblée nationale);  grotesque aussi cet avocat jeté à terre le visage imbibé par la pisse du chauffard. Mais que de surenchère dans le traitement ! (les deux séquences de torture). Or surenchère et satire ne sauraient faire  bon ménage. Le rire franc ou complice (même quand Blanche Gardin fait du Blanche Gardin en gynéco défoncée, ou quand on parodie l’émission de Karine Lemarchand) a viré au cauchemar

Une comédie   "bête et méchante"  assurément

Un   "film d’amour" ? comme l’a proclamé le réalisateur

à vous de juger !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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