15 novembre 2021 1 15 /11 /novembre /2021 16:55

Documentaire de  Alyx Ayn Arumpac  (Philippines 2019)

 

 

  • Prix FIPRESCI au Festival International du Documentaire d’Amsterdam
  • White Goose Award (Grand Prix) au DMZ International Documentary Festival
  • Prix Amnesty International au Festival du documentaire de Thessalonique
  • Prix Beyond the Screen à Docaviv : Festival international du film documentaire de Tel Aviv
  • Grand Prix à Corsica Doc : Festival International du Film Documentaire

A voir sur Tënk

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Élu président des Philippines en juin 2016, Rodrigo Duterte, fidèle à sa promesse de campagne, a mis immédiatement en branle une machine d’exécution massive des toxicomanes, des dealers et autres petits malfrats de Manille. En un peu moins de deux ans, 20 000 hommes, femmes et enfants ont été tués

Aswang suit les trajectoires d’individus frappés par cette répression sanglante et aujourd’hui contraints, ou décidés, à y faire face."

Aswang

Dans la légende philippine, l’Aswang est une créature diabolique qui hante la ville, un métamorphe qui s’en prend aux humains. Enfant, la documentariste avait tremblé de peur, effrayée par le "monstre" mythique ; Jomari le gamin qui l’accompagne aujourd’hui dans sa quête/enquête dit et vit  avec une étrange lucidité l’horreur au quotidien. Aswang ou la métaphore du président Rodrigo Duterte ?

 

En parcourant les rues de Manille, sa ville natale, la réalisatrice   "documente la réalité de ces nuits moites et assassines. Sur les lieux des crimes, je rencontre les familles en état de choc. Émergent de cet enfer la figure d’un petit garçon à la recherche de sa mère et celle d’un homme de Dieu qui tente d’agir"

 

Aswang! Un témoignage coup de poing ! un documentaire qui attaque en frontal une réalité tragique, un documentaire accablant, sans concession sur les dérives de la corruption, sur le rôle monstrueux de la police, ces brigades de la mort

Certaines images sont à la limite du supportable. Voici des cadavres à même le sol sur les trottoirs,  dans ces quartiers  aux remugles de sang, de mort et de peur. Voici une morgue : les cadavres non identifiés iront à la fosse commune. Voici une procession d’hommes qui s’autoflagellent le dos strié de balafres sanguinolentes, ils prient et implorent le pardon. Une effigie du président au visage démoniaque embrasée par le feu de la colère. Une rue envahie par des tonnes d’immondices d’où émerge la silhouette d’un homme qui furète et trie. D’autres images disent la ferveur religieuse : le corps du Christ sur la croix que l’on caresse avec vénération, une foule de croyants unis dans la prière (long plan séquence fixe) au sein d’une église où l’on recevra l’hostie de la Communion

 

Des témoignages bouleversants : celui d’une mère dont le fils aurait été tué "au volant de sa moto"….or il n’a jamais possédé de véhicule; elle demande justice réparation !! Celui de cette femme dont on ne verra pas le visage, elle a été enfermée derrière le placard (d’un commissariat) dans un minuscule couloir étroit et sombre où s’entassaient d’autres femmes au prétexte que …En dessinant les lieux elle en vient à se considérer « mauvaise » pour avoir subi une telle vilénie. Une commission des droits de l’homme découvre cette « prison secrète » et les témoignages seront sans appel (électrocution, marchandage "100 000 pesos ou condamnation pour vente ou consommation de drogue") MAIS simultanément il y eut comme une  "trahison"  car la commission n’a pu empêcher ( ?) l’inculpation des « détenus »

 

La guerre contre la drogue accentue les inégalités sociales   "si un homme pauvre commet un acte répréhensible il est tué ; alors qu’un riche aura droit à une cellule climatisée"  Des personnes sans abri élisent domicile pour la nuit, dans la rue ou sur des tombes.  Assistant à une réunion, Alyx Ayn Arumpac apprend que le programme de l’église fournissant l’assistance funéraire aux pauvres a vu les demandes passer de 1 à 2 par semaine à 3 à 5 par jour

 

Jamari a retrouvé sa mère ;la caméra filme avec une tendre bienveillance cette intimité ; nous les suivons dans les ruelles au sol bourbeux,  aux murs constellés de fils électriques, puis dans cette artère où ils récupèrent des bouteilles vides des cd etc. pour les "vendre" et  "survivre". Au volant de sa voiture le journaliste  sillonne les grandes artères -travellings de plus en plus rapides sur les façades d’immeubles- puis les tunnels ,avant de disparaître du champ de la caméra,  alors qu’on entend la voix (off) de la réalisatrice "Chaque fois qu’ils disent qu’un aswang rôde, ils veulent  signifier « ayez peur »

 Cette ville est son champ de la mort, elle peut vous dévorer. Comme lorsque la peur peut parfois étouffer le courage. Mais, certains refusent d’avoir peur. Ils choisissent de se tenir debout et de regarder le monstre droit dans les yeux. Voilà comment ça commence "

In memoriam

Colette Lallement-Duchoze

Aswang

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