réalisé par les frères D'Innocenzo (Italie Suisse 2020)
avec Elio Germano (Bruno Placido) Barbara Chichiarelli :( Dalila Placido) Gabriel Montesi : (Amelio Guerrini ) Max Malatesta :( Pietro Rosa) Ileana D'Ambra :( Vilma Tommasi) Giulia Melillo :( Viola Rosa) Cristina Pellegrino : (Susanna Rosa) Lino Musella (professeur Bernardini) Justin Korovkin : Geremia, Tommaso Di Cola :( Dennis Placido) Barbara Ronchi :
Ours d'Argent du Meilleur Scénario Berlin 2020
La chaleur de l'été annonce les vacances prochaines pour les familles de cette paisible banlieue pavillonnaire des environs de Rome. Des familles joyeuses, qui parviennent à créer l'illusion de vraies vacances malgré leurs faibles moyens. Des familles normales. Enfin presque. Car leurs enfants vont bientôt pulvériser le fragile vernis des apparences
D’abord une voix off ; la découverte d’un cahier d’enfant… Dans un bac de recyclage, à côté de quelques guides télé, j’ai trouvé le journal intime d’une petite fille.
et l’annonce Ce qui suit est inspiré d'une histoire vraie. L'histoire vraie a été inspirée par un mensonge. Le mensonge est assez peu inspiré
Brouillage ? goût du paradoxe ? en tout cas nous voici immergés, sous l’égide d’un narrateur, dans une banlieue pavillonnaire des environs de Rome (quelques vues en légère plongée l’assimileraient à un jeu de lego) et dans un quartier qui deviendra un personnage à part entière. Le quotidien de quelques familles (3) est marqué par la morosité (celle due à une frustration : vivre en-deçà d’espérances, ne pas habiter une banlieue plus cossue). Morosité et toxicité -en diabolique harmonie avec la torridité étouffante – vont être « déconstruites » par les enfants -souvent muets-. Car si les adultes sont grotesques, immatures, irresponsables leur progéniture apparemment « servile » (la scène d’ouverture où le frère et la sœur sont sommés de lire leurs appréciations scolaires ; le tabassage du fils d’une violence inouïe - hors champ il se lit dans les larmes de la sœur témoin impuissant ; la tonte des cheveux, mutilation vécue avec résignation, du moins en apparence) n’en sera pas moins consciente et révoltée. Comme dans n’importe quel conte cruel, la violence peut sourdre sous l’apparente placidité de la victime malheureuse. Et les gamins de ces trois familles sont « prêts à imploser » ; leur « lucidité » les condamnant à l’acte suprême ....afin de ne pas perpétuer le vécu de leurs parents!!!!
On pourra être dérangé par les grands angles et les légers surplombs, la lenteur de certains plans séquences, par une bande-son amplifiée, par l’opposition systématique entre la placidité des enfants et la crudité comportementale des adultes, par les exagérations caricaturales, mais storia di vacanze n’en reste pas moins un film puissant qui tient à la fois de la chronique du thriller et de la fable tragique, sur la « déliquescence des gens ordinaires ».
La seule issue pour les enfants -ressort de la tragédie- n’était-elle pas suggérée dans le « journal intime »?
Storia di vacanze une « métaphore d’un malaise sociétal »
Cette histoire pourrait être tout droit sortie de l’œuvre des frères Grimm. Un monde de sensations, de couleurs vives et d’odeurs, même si en arrière-plan, tout brûle » (propos des frères D’Innocenzo)
Colette Lallement-Duchoze