7 octobre 2021 4 07 /10 /octobre /2021 03:44

de Stéphanie Chuat & Véronique Reymond Suisse 2020

avec Nina Hoss, Lars Eidinger, Marthe Keller, Jens Albinus, Thomas Ostermeier, Isabelle Caillat,

 

présenté à la Berlinale février  2020

 

en lice pour les Oscars

Lisa est une dramaturge allemande qui a abandonné ses ambitions artistiques pour suivre son mari en Suisse et se consacrer à sa famille. Lorsque son frère jumeau Sven, célèbre acteur de théâtre berlinois, tombe malade, Lisa remue ciel et terre pour le faire remonter sur scène. Cette intense relation fraternelle renvoie Lisa à ses aspirations profondes et ravive en elle son désir de créer, de se sentir vivante.

Petite sœur

 

Parce qu’il est né quelques minutes  plus tôt, Sven a décrété que Lisa était sa petite sœur. Or c’est bien elle qui va le porter telle une mère, une amante, avec sollicitude et même abnégation quand il est atteint de leucémie

 

La séquence d’ouverture en milieu hospitalier - transfusion de sang, parois transparentes, jeux de miroirs, circulation donneur (Lisa) receveur (Sven), opposition entre un milieu aseptisé, au blanc neigeux aux couleurs neutres et le rouge du sang-, donne le ton

 

Nés du même sang, les jumeaux sont liés à jamais dans la vie, dans la mort ! Un amour fraternel fusionnel qui se nourrit de la volonté de créer (écrire pour Lisa, jouer pour Sven) et de la mythique quête de Hansel et Gretel (c’est d’ailleurs sur une nouvelle version de ce conte écrite et récitée simultanément par les jumeaux, que se clôt le film de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat ; quand l’aurore a succédé à la nuit et que le bac à sable est devenu labyrinthe)

 

Le film est structuré par des mouvements de va-et-vient qui lui assurent son tempo : alternances entre la Schaubühne de Berlin et l’air chic et pur de Leysin, entre l’appartement et l’hôpital, entre la mère fantasque (Marthe Keller) et le mari opportuniste et matérialiste (Jens Albinus), entre la pulsion de vie et la maladie, entre l’espoir et de douloureux constats (le mari de Lisa refuse un acharnement frappé d’inanité « tu sais bien que Sven va mourir »). De même qu’il est traversé d' effets  spéculaires  (comme illustration de la gémellité ?) dont la polysémie du terme "théâtre" et les "jeux de miroirs" 

C’est le corps - gisant sur le lit d’hôpital ou recroquevillé dans une position fœtale- le corps et ses diverses expressions -frémissement de la peau, désir de la chair ou étiolement, parole et diction – qui, lieu du  "vivre humain", est bien la "scène" de tout ce qui s’éprouve. Si la maladie de Sven dicte le comportement des protagonistes, les cinéastes s’attachent aussi à la  "peinture" du milieu  "théâtreux"  (un metteur en scène, Thomas Ostermeier y interprète  son propre rôle, refusant de faire jouer un grand acteur malade pour ne pas renouveler l’expérience de Molière....,  des acteurs en répétition contestant les choix d’interprétation qu’on leur impose) et surtout à ce  "théâtre de la vie" , celui des relations humaines.

 

Un film animé  par l’énergie de la Création à tout prix et la passion du théâtre (Sven avec ses perruques, sa gestique de Pierrot lunaire, sa diction, veut affronter avec  "panache"  les épreuves. Lisa sait qu’un acteur sans désir est un acteur mort) La culture comme  élixir de la Vie!

Un film  "solaire"  sur l’amour fraternel porté par la talentueuse Nina Hoss

Un film que je vous recommande (même s’il manque un  " je ne sais quoi"  ….).

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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