21 août 2021 6 21 /08 /août /2021 06:23

de Danielle Arbid (France, Belgique, Liban 2020)

avec Laetitia Dosch, Sergei Polunin, Lou-Teymour Thion, Caroline Ducey, Grégoire Colin

 

Sélection officielle festival de Cannes 2020

Hélène mère célibataire, ne vit plus que pour Alexandre, marié et père d'un enfant. Cette passion charnelle et sexuelle envahit totalement Hélène au rythme des allers et venues de son amant, jusqu'à perdre pied avec son entourage

Passion simple

 

Comment adapter un texte littéraire réputé inadaptable ? Car Passion simple d'Annie Ernaux n'est pas un récit (Je ne raconte pas une histoire (qui m’échappe pour la moitié) avec une chronologie précise il n’y en avait pas pour moi, dans cette relation, je ne connaissais que la présence ou l’absence) mais plutôt l'analyse d'une addiction amoureuse et douloureuse (et cependant émancipatrice). …ou « l’anatomie d’une femme sous l’emprise de la passion 

Les choix de la réalisatrice se lisent dès le premier plan : le visage lumineux de Laetitia Dosch en gros plan est comme « dévoré » par le cadre…dévoration dévastation emprise de la chair

Danielle Arbid qui  aime filmer les corps en saisir la grâce la lumière la sensualité s’est, dit-elle,  inspirée de la danse contemporaine de la photographie et de la peinture pour exalter la toute puissance de la « passion charnelle » Et de fait les très nombreuses scènes d’amour, de désir irrépressible où se mêlent pour mieux s’emmêler bras et jambes, où les ventres se frôlent se caressent pour mieux s’aspirer, où la peau exulte d’impatience, où la respiration spasmée scande en la modulant l’intensité des ébats, sont imprégnées de lumière (Hélène et Alexandre se rencontrent  le jour, et la chevelure blonde de la femme acquiert en force suggestive) et d’une aura très sensuelle érotique. Tout cela est certes bien filmé mais …paradoxalement  comme  "désincarné", tel un « catalogue de positions » qui devient (trop) vite exercice de style !!!

On est loin de ce que revendiquait Annie Ernaux dès le prologue -après avoir commenté un film porno vu sur Canal+ -l’écriture devrait tendre à cela, cette impression que provoque la scène de l’acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral »

 

En revanche l’attente (c’est d’ailleurs l’incipit du texte) et ses manifestations contrastées (exaltation et douleur) les rêves cauchemardesques ou idylliques, Laetitia Dosch se les approprie avec un certain brio.

 

« je voulais forcer le présent à redevenir du passé ouvert sur le bonheur » écrivait Annie Ernaux pendant la longue (et définitive ?) absence de A

Mais « réciter » face au médecin tout un pan du texte originel m’a paru saugrenu, en citer des extraits en off par-ci par-là, m'a semblé redondant (précisément à ces moments-là)  Que dire du choix de certaines « chansons » (hormis celle d’A Cohen) , des musiques, et surtout de la « modernisation » (omniprésence addictive du portable) de l’intervention de l’ex mari ? Surcharges inutiles ? tout comme serait inutile -dans cette volonté de « coller » au texte- la symbolique appuyée du tunnel par exemple

 

Impression mitigée

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

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