18 juillet 2021 7 18 /07 /juillet /2021 10:17

de Giorgio Diritti (Italie 2019)

avec Elio Germano, Olivier Ewy, Leonardo Carrozzo, Pietro Traldi, Orietta Notari

 

 

Berlinale 2020 Ours d'argent du meilleur acteur

 

 

Expulsé par l'institution suisse qui s'occupait de lui à la fin de la Première Guerre mondiale, Antonio se retrouve en Italie contre sa volonté. Sans attache, vivant dans un grand dénuement, il s'accroche à sa raison de vivre, la peinture qu'il pratique en autodidacte. Peu à peu du public à la critique son "art" va bousculer l'académisme. Le destin incroyable et vrai d'Antonio Ligabue, l'un des maîtres de la peinture naïve aux côtés de Rousseau et Séraphine de Senlis

 

 

Je voulais me cacher

 

 

On dit que vous n’avez pas de travail, que vous n’avez pas d’épouse, que vous ne contribuez en aucune façon à la croissance de l’Italie fasciste

 

 

Séquence d’ouverture:  le personnage est « caché » sous un sac noir dans un angle de la pièce (son oeil apparaît par intermittences à travers un trou) et le spectateur est légèrement perturbé par le choix de focales qui déforment, fragmentant au montage une succession de petites scènes censées illustrer le rapport que lit le psychiatre. Cette façon de  "remonter le temps"  serait-elle en harmonie avec une existence faite de maltraitances d’exils et de séjours en hôpital psychiatrique ? dans sa dynamique de déconstruction/reconstruction serait-elle aussi en harmonie avec la peinture de l'artiste?  

 

Si le biopic de Girogio Diritti fait la part belle à l’interprétation d’Elio Germano (sans doute un peu forcée) il excelle dans le choix des couleurs, des lumières, des grands angles et des cadres (les places à la Chirico, les paysages, les chambres, les salles et les ateliers) un choix en adéquation avec la nature même de la peinture d’Antonio Ligabue (plus connu en Italie qu’en France d’ailleurs où la critique le compare au Douanier Rousseau)

 

Une chose est sûre : rendre compte de l’acte de peindre est souvent tendancieux factice aléatoire. Dans « je voulais me cacher » le peintre en osmose totale avec le monde (animal surtout) s’en imprègne, le fait sien (par des cris des vociférations dont le rendu est très organique) avant que le sujet à peindre n’apparaisse sur la toile. Cet « enfantement » se fait souvent dans la douleur et l’incompréhension du regardeur sera vécue comme un blasphème. Plus tard quand des « mécènes » prennent en charge promotion et commercialisation, Antonio Ligabue n’aura de cesse de s’enorgueillir de son statut d’artiste!! … .de même qu’il investit  "l’argent"  gagné -après une reconnaissance locale nationale et internationale-, dans l’achat immodéré de motos et d’autos qu’il récure avec amour…Mais hélas la quête de l'être aimé ne pourra être vécue que sur le mode onirique! 

 

Très vite  je voulais me cacher  acquiert une valeur universelle ne serait-ce que par cette force irrépressible  de donner, via le medium qu’est la peinture, un « sens au chaos » , celui de l’univers et celui qu’on porte en soi, au profond !

 

Un film que je vous recommande vivement

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

 

 

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