d'Ivan Ostrochovsky (Slovaquie 2020)
avec Samuel Skyva, Samuel Polakovic, Vlad Ivanov, Vladimir Strnisko, Vladimir Obsil
Récompenses
Grand prix CinEast 2020
Prix de la mise en scène et prix de la meilleure musique au festival international du film de Saint-Jean-de-Luz
Meilleur réalisateur (ex-aequo avec Aurel pour Josep) au festival du film de Valladolid 2020
En Tchécoslovaquie au début des années 1980, le régime communiste musèle l’église. Deux jeunes séminaristes devront choisir entre la soumission à la police secrète, ou une fidélité à leurs convictions qui pourrait leur coûter la vie.
Koza -présenté en compétition à Rouen au festival à l’Est du Nouveau en 2016- s’inspirait de la vie du boxeur Peter Balaz. Dans Les Séminaristes, son deuxième long métrage, le cinéaste slovaque évoque une période sombre de l’église catholique tchèque, sa collaboration avec le régime communiste pendant l’époque de normalisation en 1980. Mais tout en s’inspirant de « faits réels » il livre avec parcimonie des informations éclairantes (rôle de Pacem in Terris, par exemple) et de surcroît il recourt aux ellipses, l’essentiel selon lui étant moins de susciter une polémique, de juger en opposant « bons » et « méchants » que d’illustrer un dilemme qui taraude les consciences et de se « concentrer sur les émotions plutôt que sur les faits » (cf le dépliant AFCAE)
Le film débute comme un thriller : une voiture roule de nuit sur une route de campagne -jeu des phares qui diffractent la lumière—elle s’arrête, un corps remue encore dans le coffre, on le dépose à même la chaussée….(on l'achève??)
Puis retour en arrière (encart 145 jours auparavant)
Voici Juraj (Samuel Skyva) et Michal (Samuel Polakovic), ils viennent de la campagne et apprennent à connaître la vie à l’école de théologie (faculté de Bratislava) d’autres séminaristes, le guide spirituel, etc. Mais assez vite et mezza voce Juraj est informé de l’existence d’une église clandestine qui refuse la collaboration avec le régime communiste ; il choisira de résister quel qu’en soit le prix ! .
La gradation dans l’horreur (de la mort du père Coufar, celui du prologue, au suicide, en passant par la conscription) la traîtrise et la mort en embuscade, il s’agit bien de créer une ambiance plus que délétère et de rendre palpable l’étouffement. A cet effet participent le choix du noir et blanc, le format 4/3, le recours aux plans fixes (le plus souvent), le soin apporté aux cadrages, la lenteur calculée du rythme, l’opposition entre les extérieurs boueux et les intérieurs austères mais aussi le jeu des acteurs (l’expression supplée à la parole chez les séminaristes alors que le Dr Ivan -qui "incarne" la Sûreté-, interprété par l’acteur roumain Vlad Ivanov,-(vu récemment dans Les siffleurs) multiplie, placide et retors, les propos comminatoires, à chacune de ses visites/inspections/interrogatoires
Oui ce film frappe par la souveraine adéquation entre le fond et la forme (même si parfois des vues en plongée vertigineuse ou les vues aériennes sur la cour paraissent trop « léchées » trop formelles, esthétisantes plus qu’esthétiques)
Un film que je vous recommande !
Colette Lallement-Duchoze