10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 13:32

Court métrage d'Ariane Labed 27' (France, G-B  2019)

avec  Romanna Lobach, Jenny Bellay, Grégoire Tachnakian, Gall Gaspard

 

présenté au festival de Cannes 2019  Quinzaine des Réalisateurs

Olla a répondu à une annonce sur un site de rencontre de femmes de l’Est. Elle vient s’installer chez Pierre qui vit avec sa vieille mère. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Olla

Avec sa chevelure rousse orange, ses bottines à talons aiguille, sa mini jupe, traînant une valise à roulettes, elle émerge du brouillard. C’est Olla. Accueillie par son hôte (un célibataire endurci, médusé par tant de beauté..) elle sera la femme au foyer, la domestique (courses, ménage, préparations culinaires, toilette d’une mère ankylosée muette !)

Dès le début de cet étrange court métrage on devine le rapport dominant/dominé qui présidera aux relations  Pierre/Olla

 Ariane Lebed (que nous avons vue  dans le film  The Lobster réalisé par son mari Yorgos Lanthimos)  maîtrise et le sujet (la traite des prostituées venues de l’Est; ici le "dominant"  sera délibérément un personnage de "comédie", un ridicule   engoncé dans des principes : usage de patinettes, baiser rituel sur le front mais qui sous des apaprences "doucereuses" n’en reste  pas moins un "violent") et la forme -une mise en scène qui frise la comédie burlesque (cf la séquence de la  "pole dance" dans le salon, où le corps d’Olla aux ondulations très sexy fait face au mutisme d’une mère impotente figée dans son fauteuil et celle de la masturbation à la cuisine où l’érotisme de la caresse libératrice se marie à la dégustation de jambon).

Olla  se donne à voir comme un "collage"  -succession de "tableautins" où alternent les silences et la musique "what is love", intérieurs et extérieurs, duos avec la mère ou Pierre et solos, chorégraphiés ou théâtralisés et dont le fil conducteur serait peut-être la quête d'amour?? 

Réalisme au style  sec et efficace ? Plutôt faux prosaïsme (teintes plates et formes accentuées chères aux Nabis, pour les extérieurs, couleurs acidulées et aplats à la Adami pour les intérieurs); mais à coup sûr, une façon de filmer proche de Chantal Akerman, ne serait-ce que par le recours aux plans fixes dans l’appropriation d’un lieu et dans la manière si spéciale  de scruter un visage. Et sans aller jusqu'à  identifier Olla à Jeanne Dielman, on peut affirmer que loin des clichés, la jeune femme -apparemment soumise- maîtrise  son destin (cf la relation vénale avec un zoneur et surtout  la scène finale). Et ce, malgré la barrière de la langue, malgré les tentatives de dépossession (celle de son identité par exemple) et d’humiliations (rapport sexuel non consenti avec Pierre )

 

A voir sur MUBI

 

Colette Lallement-Duchoze

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