6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 14:41

Premier long métrage de Salka Tanziana (Allemagne Espagne) 2020

avec Melanie Straub, Jon Bader, Ole Bader, Pilar del Pino , Amalia Amián del Pino

titre anglais For the time being

titre français Pour le moment 

 

En lice dans la compétition « bright future » festival de Rotterdam, au programme de la semaine de la critique du 70ème  festival de Berlin,  ce film est diffusé en exclusivité sur MUBI à partir du 4 février 2021 (série Festival Focus Rotterdam)

 

Larissa et ses jumeaux de neuf ans arrivent d'Allemagne pour se rendre dans  la maison familiale de leur père dans les montagnes espagnoles de la Sierra Morena. Le vol du père a été retardé, mais les invités sont accueillis par sa mère et sa sœur. Au fur et à mesure que les journées torrides passent, tout le monde essaie de se comprendre.

Tal día hizo un año

Un film qui peut tout autant séduire que fortement déplaire Certains spectateurs déploreront la ténuité scénaristique, la lenteur du rythme, le minimalisme des dialogues, l'inanité d'un "faux" projet, alors que d'autres (et j'en suis) apprécieront le mode contemplatif, l'interaction entre paysages et personnages, l'étrange sensation du temps qui s'égrène, les menaces latentes (images d'incendies dévastateurs à la télévision) et se laisseront emporter dans (et par) la torpeur de l'été.

Nous sommes dans la Sierra Morena -cette chaîne de montagnes dans le sud de l'Espagne, au nord de Cordoue- un paysage familier à la réalisatrice. Voici trois femmes: Larissa venue d'Allemagne avec ses jumeaux Ole et Jan (le prologue leur est dédié , elle au volant de la voiture, les deux enfants assoupis, elle tente de joindre leur père..) , la belle-mère Pilar -matriarche-  et sa fille Amalia . Une vaste propriété jalousement gardée (à un moment deux cyclistes égarés  se feront tancer). C'est l'été

 

Peu de paroles, intrigue minimaliste, lente succession de plans sur des paysages (certains filmés au moyen de drones) engourdis par la chaleur torride, alternance entre les intérieurs de la villa -on est allongé on sue abondamment, on consulte son portable- et les extérieurs immédiats -piscine dont l'eau fuit...bétail à entretenir- et plus éloignés -chemin qu'empruntera un des jumeaux, pont, plan d'eau. La répartition des couleurs -blanc de la villa, bleu de la piscine, ocre mordoré de la terre, vert bouteille des oliviers- obéit à une partition de l'espace alors que la stridulation incessante des cigales, les bruits suspects de tirs (présence d'une base militaire), une saute de vent soudaine  -impétuosité annonciatrice de l'orage?, le clapotis de l'eau au passage d'une barque, seront l'accompagnement sonore -avant le morceau de Plastiq et un plan final.... inattendu!

 

Un séjour "familial" où l'on peine à communiquer et dont le rite sera perturbé par les enfants (trop plein d'énergie dans la torpeur?)

Mais surtout une approche très personnelle et partant très subjective de cette cohabitation entre l'homme et la nature; l'esquisse d'une cartographie où les sinuosités des chemins à travers les oliviers et sur la terre ocre/brun semblent épouser les strates de la mémoire; ne représentent-elles pas les propres souvenirs de la cinéaste? "En cartographiant mes souvenirs j'ai pris conscience de leur texture tangible; un paysage distinct de motifs fibreux et de surfaces qui se chevauchent" 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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