de Mina Mileva et Vasela Kazakova (Bulgarie, Royaume Uni, France, 2019)
avec Irina Atanasova (Irina) , Angel Genov (Vladimir) , Orlin Asenov (Jojo) , Gilda Waugh (Debbie)
Présenté au Festival du Film de Locarno,
prix FIPRESCI au 35ème Festival du Film de Varsovie, Meilleur Premier Film au 37ème Golden Rose Festival of Bulgarian Film in Varna,
Le film fait partie de la sélection du ArteKino Festival.
Il suffit de vous inscrire sur le site https://www.artekinofestival.com/
Cat in the Wall raconte comment un chat coincé dans un mur affecte la vie de ses voisins: émigrés aspirant à une vie meilleure, fraudeurs et brexiteurs embourgeoisés.
Le film -premier long métrage des documentaristes Mina Mileva et Vesela Kazakova- est inspiré d’une histoire vraie (ce que dit explicitement le générique d’ouverture) : présence insolite d’un chat dans un mur d’immeuble. À partir de ce « fait divers » les réalisatrices voulaient créer un pont entre l’Est et l’Ouest pour vérifier si l’herbe était plus verte de l’autre côté
Le constat est amer !
L’immeuble -d’abord vu de l’extérieur- est comme le microcosme d’une société métissée apparemment sans problème de cohabitation. Mais la présence d’un chat (recueilli par Irina, adulé par son fils Jojo, puis réclamé par sa propriétaire Phoebe) va mettre à jour puis exacerber un climat délétère opposant londoniens et immigrés. Peinture d’un racisme "ordinaire" et de la xénophobie Cat in the wall ou la métaphore de la frénésie médiatique anti-migrants qui prolifère en Angleterre depuis 2010 ?
Irina (Bulgare) est architecte MAIS à Londres (où elle s’est installée avec son gamin et son frère) elle sera serveuse dans un bar pour subvenir aux « besoins ». Le frère est historien de formation MAIS ses diplômes ne sont pas reconnus ; il est au chômage et accepte d’installer des antennes de télévision. Irina est propriétaire de son appartement MAIS elle sera victime de propos xénophobes (« vous profitez de nos allocations » « retournez dans votre pays ») voire de délations injustifiées ; elle-même au tout début, s’offusque du comportement de la Polonaise….
Les réalisatrices ont choisi de filmer à partir d’un lieu unique : l’appartement (lieu de la claustrophobie) dans un immeuble de la banlieue sud-est de Londres. Cet immeuble -le film s’ouvre sur un long plan fixe : façade qu’illuminent les lumières des appartements avant que la caméra ne pénètre dans une cuisine où s’affairent deux gamines préparant un dessert sous l’oeil bienveillant de Jojo -va subir des transformations - échafaudages changements de fenêtres augmentation des charges : on est au coeur d’une politique urbaine la gentrification (la réunion organisée par Irina avec les co-propriétaires londoniens sera frappée d’inanité). Le passage récurrent du métro aérien est perçu comme ligne de fuite mais dans la « dramatisation », il semble ponctuer les étapes vers une forme de déshumanisation (que renforce le contexte du Brexit)
Un chat coincé dans une trappe ! Une femme bulgare dynamique qui a refusé les aides sociales, coincée dans les murs de sa propriété et "à un autre niveau dans sa tête" : tel est bien l’enjeu de ce film -aux accents loachiens- à la mise en scène sobre -malgré les tensions-, toute en retenue - hormis certaines prises de bec avec les « black »- film annonciateur d’une explosion !!!
Colette Lallement-Duchoze