Halima Ouardiri Canada (Québec). 2019. 18 minutes
Ours de Cristal du meilleur court métrage de la 70ème édition du Festival international du film de Berlin (Berlinale 2020)
Prix du Meilleur Court Métrage Canadien au Festival international du cinéma francophone en Acadie en 2019.
Coup de cœur du jury au festival du film de Namur + nouveau Prix Marion-Hänsel,
Dans le refuge pour chiens errants d’Agadir au Maroc, plus de 750 animaux trouvent aide et protection en attendant d’être adoptés par une famille. Chaque journée ressemble à la suivante, rythmée par la seule distraction des repas.
Nous sommes dans un refuge pour chiens au Maroc (près d’Agadir)
Un refuge qui abrite 750 chiens errants qui attendent d’être adoptés par des familles
Des chiens que la cinéaste suisso-marocaine Halima Ouardiri va filmer dans leur quotidien et ce, pendant 5 jours de l’aube au crépuscule
La palette dominante brun-ocre - des pelages et de la terre – peut éclater en fragments de lumière (quand le soleil inonde les lieux) ou en aplats sombres (le pelage de certains chiens, ou quand vient le moment crépusculaire ou quand tout simplement les chiens repus cherchent l’ombre tutélaire)
Les voici qui accourent, ils forment une masse qui se précipite pour la nourriture ; car c’est elle qui rythme les jours, jours qui se répètent immuables, en un rite inaltérable où l’aboiement précède la sustentation.
Un rite que filme le regard empathique de Halima Ouardiri ; un regard d’artiste aussi (ne serait-ce que par la diversité des angles de vue, de la répartition des lumières et des couleurs dans le rendu de cette apparente banalité)
Cette compacité alterne avec de très gros plans sur un pelage – moins pour la couleur que pour capter la pulsation de la vie - ou des plans rapprochés qui individualisent -un chien qui marque son territoire d’un jet d’urine, un mâle prédateur mais une femelle rebelle, par exemple
Quand le plan s’élargit ou quand il délimite les frontières de l’espace dédié, l’extérieur (ou l’ailleurs?) ne se devine qu’à travers des "grilles" !!!. (on est dans l’enceinte d’une ancienne ferme pas loin de Taroudant)
Enfermement, attente, lutte pour la survie (des crocs hostiles empêchent parfois les plus faibles de partager la nourriture...)
Une caméra attentive aux couleurs aux lumières aux textures aux mouvements aux « sons » (quand bien même les réactions des "protagonistes" sont aléatoires, forcément aléatoires…) Un court-métrage qui, en nous immergeant dans cette "communauté" canine, allie esthétique et banalité
Vers la fin on entend des infos concernant une autre population, en attente de...-dès lors on comprend mieux les enjeux de cette coexistence forcée –
Clebs, ou la parabole cinématographique des migrants de ce monde !
Clebs : Une vraie "leçon de cinéma".
Le jury de la Berlinale ne s’y est pas trompé ; lui qui a pu observer le naturel dans le non-naturel fut "très impressionné par les images la lumière les couleurs et les sons"
Colette Lallement-Duchoze