29 octobre 2020 4 29 /10 /octobre /2020 15:13

de Jon Garano, Aitor Arregi et José Mari Goenaga (Espagne 2019)

 

avec Antonio de la Torre, Belèn Cuesta 

Espagne, 1936. Higinio, partisan républicain, voit sa vie menacée par l’arrivée des troupes franquistes. Avec l’aide de sa femme Rosa, il décide de se cacher dans leur propre maison. La crainte des représailles et l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre condamnent le couple à la captivité.

Une vie secrète

Le film s’ouvre sur un long plan fixe sur des façades -telle une palissade, telle une frontière entre le dehors et le dedans. Puis la caméra pénètre dans la chaude intimité du couple Rosa et Higinio. Des bruits suspects venus de l’extérieur lacèrent le calme de cette nuit. Les corps se désenlacent ; la peur a remplacé la moiteur amoureuse. Higinio est un partisan républicain;  il est arrêté…mais...il réussit à s’enfuir et blessé, rentre au village. Nous sommes en 1936 en Andalousie

Dès lors nous allons suivre sa lente et longue reptation, en sous-sol. Nous allons être au plus près de ce corps contraint à se recroqueviller dans la soupente de sa maison puis dans celle de son père...30 ans d’une vie de mort vivant avec la complicité d’une femme aimante -au départ non politisée- qui saura prodiguer conseils et contourner par des subterfuges maints obstacles (dont les perquisitions et les éventuelles dénonciations)

30 ans où vont défiler les événements majeurs de l’Histoire d’Espagne : guerre civile, dictature franquiste, Seconde guerre mondiale (Higinio est attentif à la position des Alliés ), rencontre Franco Eisenhower (décembre 1959) débuts du tourisme de masse, amnistie de 1969.

Un film où des définitions lexicales jouent le rôle de titres et ce faisant, de découpage en chapitres (Franco, enfermement, sortir etc.) ironie car souvent les « mots » sont polysémiques (dans ce mariage entre l’histoire personnelle et la « grande » histoire)

 

Les trois réalisateurs (qui se sont inspirés de faits réels) ont su rendre palpable l’écoulement des heures des années tout en filmant -pour l’essentiel- un huis clos -le « dehors » est vu à travers les interstices d’une porte d’une cloison par l’oeil agrandi hébété du reclus. Une gageure ! Des scènes « intimistes », des scènes de genre où les effets de clair obscur et les couleurs « chaudes » ocreuses composent des tableaux vivants. L’acteur (que vous avez pu découvrir dans la isla minima, la colère d’un homme pressé, que dios nos perdone ou encore plus récemment dans El Reino) porte de bout en bout ce film.

Un corps qui palpite de sueur, un corps qui envahit l’écran, et ce regard de bête traquée !

Un monde qui s’écroule ? Une foi militante qui vacille ? De remontrances en objurgations (celles de l’aimée, admirable Belen Cuesta) de mises au point proférées par le fils Jaime (il sait que la donne a changé depuis …tant de décennies) en querelles, le parcours de Higinio ne peut être « compris » que par ceux qui comme lui ont choisi d’être les « taupes »,  de vivre comme des sous-hommes dans la crasse et la peur pour ne pas être exécutés

Et pourtant quel hymne à la vie. Écoutez cette palpitation tel un instinct de survie, ces spasmes du désir charnel dans la plénitude des corps retrouvés. Et quand (c’est la dernière partie du film) le personnage  quitte définitivement l’ombre, il est auréolé de lumière

 

Un film à ne pas rater!!! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

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