1 octobre 2020 4 01 /10 /octobre /2020 05:48

d'Aude Léa Rapin  (2019 France, Belgique, Bosnie)

avec Adèle Haenel, Jonathan Couzinié, Antonia Buresi, Hasja Boric

 

 

Présenté à la Semaine internationale de la Critique festival de Cannes 2019

Dans une rue de Paris, un inconnu croit reconnaître en Joachim un soldat mort en Bosnie le 21 août 1983. Or, le 21 août 1983 est le jour même de la naissance de Joachim ! Troublé par la possibilité d’être la réincarnation de cet homme, il décide de partir pour Sarajevo avec ses amies Alice et Virginie. Dans ce pays hanté par les fantômes de la guerre, ils se lancent corps et âme sur les traces de la vie antérieure de Joachim.

Les héros ne meurent jamais
Qui trop embrasse mal étreint

A force d’entremêler « faux » documentaire et véritable histoire des autochtones, d’emmêler fiction et film en train de se faire, à force de jouer sur la gémellité (du regard) le double (Joachim/Zoran, Alice/ Aude-Léa Rapin), la réalisatrice donne à voir une sorte de melting pot assez bancal (du moins est-ce mon impression) qui tient du reportage, d’une quête multiforme (de soi de ses origines de ses antécédents) et qui interroge sur la réincarnation, tout cela traité avec humour parfois (les trois compères en Bosnie ont quelque chose des pieds nickelés)

 

Le film est censé être construit autour d’un making of d’un « faux » documentaire. Le chef opérateur sera hors champ (à l’inverse de la perchiste) mais c’est à lui qu’on s’adresse c’est lui qui choisira la sublimation ou non de la lumière et le meilleur angle (cf la scène assez comique où l’on filme à partir du coffre de la voiture pour que le spectateur voie Alice et Joachim s’éloigner) Et nous sommes embarqués avec cette petite équipe en Bosnie (et plus précisément à Bratunac) à la recherche de ...ou sur les traces de...

 

Et si Joachim était Zoran le soldat criminel réincarné ?. Mais de quel Zoran s’agit-il ? Car comme l’affirme le cabaretier « ici presque tous les hommes s’appellent Zoran et ce sera Zorana pour les femmes ». Scène doublement comique (situation et répétition) dont l’écho inversé tragique est la commémoration de la tragédie  de Srebrenica (le 11 juillet) où chaque pelletée de terre soulevée exhume la mémoire…. Celle d’un pays où planent les fantômes d’une guerre récente comme s’il n’y avait jamais de fin à la fin d’une guerre (propos de la réalisatrice)  

 

La plongée dans ce pays d’abord dévasté puis toujours habité par la mort  comme écho aux questionnements des personnages ? Peut-être mais que de chemins de traverses ! et la thématique de la "réincarnation" sur laquelle s’ouvrait astucieusement le film (Alice filmant Joachim sous la douche en train de raconter son interpellation ...tente d’authentifier cette invocation, en sondant sa réalité corporelle) si elle se prête à quelques moments dits fantastiques, est vite sacrifiée 

Et la confrontation qui oppose Joachim (il semble croire en sa réincarnation) et Alice (qui le rabroue et le « mène » vers de « fausses » pistes ») reste purement formelle vite dénuée de sens (hormis cette rencontre avec Hasja Boric une Bosniaque qui a tout perdu lors du massacre de Srebrenica , or Joachim et Virginie sont convaincus d'être déjà venus chez elle ....)

Resterait comme en suspens un questionnement sur la  "vocation" du cinéma !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

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