Long métrage d'animation réalisé par Aurel (France, Espagne )
avec les voix de Sergi Lopez, Gérard Hernandez, Bruno Solo....
Sélection officielle Cannes 2020
prix Fondation Gan
festival du film d'animation d'Annecy 2019
Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barcelone à New York, l'histoire vraie de Josep Bartolí, combattant antifranquiste et artiste d'exception.
je vous invite à lire cette interview datée du 1/10/2020 ("les partis pris étonnants du réalisateur" )
https://www.cnc.fr/cinema/actualites/aurel-la-pertinence-de-josep-nous-sautait-regulierement-au-visage_133375
Aurel dessinateur de presse (Canard enchaîné entre autres) fasciné par le parcours de Josep Bartoli et désireux d'en faire un long métrage a certes privilégié la période de la Retirada et des camps de "concentration" où s'accumulaient les "pouilleux" fuyant le franquisme (période évoquée par Serge dans son commentaire ); et cet épisode infâme pour la France de 1939 entre hélas! en résonance avec la politique actuelle de notre pays à l'encontre des migrants.. Mais le film dans son ensemble (en témoigne le titre éponyme ) rend hommage à un homme engagé et militant, à un artiste, au parcours étonnant, que découvriront maints spectateurs
Si les dessins de Josep s'incorporent avec fluidité au récit -et parfois ils sont mis en exergue ou se superposent à ceux d'Aurel - le montage lui est assez complexe: car on est transporté d'une époque à une autre, d'un continent à un autre (Espagne France Mexique USA), d'un point de vue à un autre, - avec intrusion dans le rêve ou l'imaginaire-, mais cette complexité n'est-elle pas censée imiter les soubresauts de la mémoire, celle du locuteur? en l'occurrence un grand-père -Serge le gendarme qui s'était lié d'amitié avec Josep et qui, sentant la mort venir, raconte à son petit-fils Valentin le fabuleux destin de son ami (Josep : film sur la transmission aussi!) . Le choix des couleurs ( gris sombre, brun délavé pour la longue période dans les camps de Rivesaltes; couleurs éclatantes et chaudes pour la période mexicaine; ballet de scintillements pour les rêves ) la maîtrise du dessin et de l'animation , le choix des musiques, tout participe de cette volonté de rendre hommage et de transmettre
Générique de fin: de la longue liste de remerciements on retiendra
"merci aux journaux qui publient nos dessins...." Or au moment même où se déroule le procès de qui vous savez, un tel remerciement n'a-t-il pas "force de loi" (sur la liberté de la presse, la liberté de penser???)
Colette Lallement-Duchoze