de Maïwenn
avec elle-même (Neige) Mylan Robert (Kevin) Marine Vatch (Lilah la soeur) Fanny Ardant (Caroline la mère) , Omar Marwann (le grand-père) Louis Garrel (François l'ex ) Alain Françon (Pierre le père )
Sélection officielle Cannes 2020
Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de la famille sont compliqués et les rancœurs nombreuses... Heureusement Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex. La mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige. Dès lors elle va vouloir comprendre et connaître son ADN
Avouons-le sans ambages : ADN est un film décevant
Après un portrait de groupe filmé au plus près dans cette chambre d’EHPAD où survit le grand-père de Neige/Maïwenn , après la mort de ce dernier et les querelles familiales sur le rituel de la crémation, la réalisatrice loin de proposer une trajectoire qui irait du particulier à l’universel opère un chemin inverse. Et la profusion de ces plans « égotiques » (gros plans prolongés sur son visage ou son profil, sur sa chevelure déployée en Ophélie moderne, zoom sur ces lentilles qu’on enlève, comme pour mettre en évidence les "écarts" de point de vue ??) la surenchère dans le pathos (or suggérer n’est-il pas plus efficace que montrer avec insistance ….?) ou encore le sur-jeu de certains acteurs (dont Fanny Ardant qui interprète la mère, même si comme le dit froidement sa fille Neige « tu as toujours manqué de naturel »), tout cela fait d’ADN un film aux clichés souvent lisses et lissés bien plus qu’une quête (et peu importe qu’elle soit pathétique sincère ou autre) à valeur universelle : à savoir la recherche de ses racines pour mieux se situer par rapport à son passé et mieux appréhender son futur (?)
Et pourtant des moments "forts" – le face-à-face mère/fille, la réconciliation sororale – mais ils pèchent par ces "défauts" de traitement
Que l’on ait apprécié ou non ce film, force est de reconnaître que l’épisode algérien tourné in situ (Neige est au milieu des manifestants dans une rue à Alger ou assise, à les regarder) manque cruellement d’authenticité et de mise en perspective
Et que dire de cette scène où en l‘absence de bande- son Neige et François sur le même vélo parcourent les rues désertes de Paris comme pour un spot publicitaire ?
Dans ce filmage -à fleur de peau souvent- on était en droit d’attendre mieux de la réalisatrice de Polisse ! Dommage
Deux bémols toutefois: l’astucieux écart entre les propos souvent salaces de François (Louis Garrel) et le contexte dramatique ; et l’opposition entre l’anémie de Neige (elle perd l’appétit en même temps que son grand-père) et l’appétence dévorante de Neige/Maïwenn (exalter sa propre omniprésence )
Colette Lallement-Duchoze