d'Albert Dupontel (2020)
avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Jackie Berroyer , Bouli Lanners, Michel Vuillermoz,
Lorsque Suze apprend à 43 ans qu'elle est gravement malade, elle part à la recherche de l'enfant qu'elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB quinquagénaire en plein burn out...
« je suis parti de l’idée d’opposer quelqu’un qui veut vivre mais qui ne peut pas à quelqu’un qui pourrait vivre mais qui ne veut pas »
Suze Trappet (une Virginie Efira convaincante; elle ne quittera pas son pull rouge…à la couleur si symbolique!) sachant sa mort prochaine -victime des effets cancérigènes de la laque utilisée pour les cheveux de ses clientes -, est décidée à retrouver l’enfant dont elle a accouché à 15 ans.. Jean-Baptiste Cuchas (dit JB) expert en informatique, chargé de la sécurité de son entreprise, se voyant "gentiment" remplacé par un plus jeune, prépare méthodiquement son suicide ….que forcément il ratera.. Ils vont rencontrer Mr Blin (Nicolas Marié) un archiviste aveugle expert dans les dossiers d’accouchement sous X.
Voilà trois éclopés cabossés de la vie, trois âmes en mal d’être, -mais aussi en quête d’amour!! Leur parcours -recherche de l'enfant - sera forcément semé d’obstacles, souvent farfelus dont les violences policières (et l’on connaît la malice de l’auteur à épingler policiers et gendarmes) les dérives foutraques de l’administration tatillonne et du tout sécuritaire, la déshumanisation de notre univers technologique (dire que Dupontel emprunte à Terry Gilliam c’est enfoncer une porte ouverte tant son évocation du monde urbain renvoie à Brazil)
Mais la rencontre avec l’ex obstétricien (Jackie Berroyer) atteint de la maladie d’Alzheimer sera comme une épiphanie.
Car tout est affaire d’encodage et de décryptage. Au tout début le médecin (Bouli Lanners) se ridiculise en expliquant mezza voce mais doctement les résultats d’un scanner, de même que le psy de service (Michel Vuillermoz) affiche avec l’aplomb du sachant les réponses à la plus petite déviation comportementale.
Mais le décryptage du journal intime de l’ex obstétricien et les poèmes griffonnés par Adrien (le fils. retrouvé de Suze) destinés à sa dulcinée, jouent le rôle de révélateurs : c’est le triomphe de l’humain, de la Vie !
Une comédie grinçante où l’on retrouve les obsessions de son auteur (besoin d’amour filial, pièges et sortilèges d’une société déshumanisante), sa façon de filmer qui fait la part belle au flamboiement de couleurs vives, au virevoltage de la caméra, à certains effets spéciaux -récurrence des surimpressions et prédilection pour les vues en plongée, souvent vertigineuses-, un humour omniprésent du plus gras au plus fin, des blagues potaches, un comique de situation plus ou moins éculé (ou qui renvoie à Charlot) ….
Et pourtant plus c’est con plus on rit….
Effet pervers du (re)con-finement imposé ?
Le rire pour exorciser cette infantilisation anxiogène générée en haut lieu, pour nous mettre sous cloche ?
Peut-être ! ....
Colette Lallement-Duchoze