de David Zonana (Mexique)
avec Luis Alberti, Hugo Mendoza, Jonathan Sanchez
Francisco voit son frère mourir d’un accident sur le chantier où ils travaillaient ensemble. N‘obtenant aucun dédommagement du propriétaire, Francisco invente une façon inédite de se venger de lui.
Non nous ne sommes pas dans un film à la Ken Loach (malgré la prégnance de la thématique « lutte de classes » ou du moins malgré la peinture des inégalités sociales éhontées) mais plutôt du côté de Parasite de Bong Joon-ho En mettant au premier plan la « main d’oeuvre », celle des ouvriers du bâtiment, en mêlant film social et thriller, David Zonana signe une œuvre étrange déconcertante, une fable au déterminisme implacable « personne n’est complètement bon ou mauvais » (avertissement) manipulation et corruption gangrènent les rapports humains, de classe et de travail
Après la mort accidentelle de son frère Claudio sur un chantier, (construction d’une luxueuse villa) Francisco n’a de cesse de faire triompher la justice ; face à l’incompréhension aux dénis aux refus (une pseudo enquête conclut à l’imprégnation alcoolique du travailleur au moment de la chute, alors qu’il a toujours été sobre, ce qui dispense de verser des indemnités à la veuve …) il met en œuvre progressivement et méthodiquement une « justice immanente ». S’approprier la luxueuse villa, en faire bénéficier tous ses compagnons d’infortune...avec leur famille. Mais la communauté sera confrontée à des dissensions, à une gestion plus ou moins mafieuse et à la guerre des égos jusque….
Pour illustrer ce cheminement David Zonana opte pour une caméra fixe, une succession de plans séquences comme autant de « saynètes » avec plans fixes, panoramiques ou lents zooms, et pour un traitement minimaliste (avec ellipses ou hors champ …Il appartiendra au spectateur de reconstituer d'imaginer certains faits et gestes de Francisco par exemple! ).
Il fait de la luxueuse villa blanche le microcosme des confrontations. Au moment de sa construction, elle oppose le monde du travail à celui du capital. Occupée par les ouvriers, elle est d'abord espace d’une « réappropriation », avant de devenir celui d’affrontements irréversibles.
Alors que simultanément nous aurons cheminé de l’extérieur (jardins murs, baies vitrées, terrasses) vers l’intérieur (chambres, immenses salles de bains, espaces de loisirs et de détente) et que nous aurons été témoins de drames (la mort d’un ouvrier sur le chantier, le délitement de la communauté à l’intérieur )
Une démonstration fulgurante de justesse!
Un film original à voir assurément !
Colette Lallement-Duchoze