De Haifaa Al Mansour (Arabie Saoudite Allemagne)
Avec Mila Alzahrani, Dae Al Hilali, Khalid Abdulrhim
Maryam est médecin dans la clinique d'une petite ville d'Arabie saoudite. Alors qu'elle veut se rendre à Riyad pour candidater à un poste de chirurgien dans un grand hôpital, elle se voit refuser le droit de prendre l’avion. Célibataire, il lui faut une autorisation à jour signée de son père, malheureusement absent. Révoltée par cette interdiction de voyager, elle décide de se présenter aux élections municipales de sa ville. Mais comment une femme peut-elle faire campagne dans ce pays ?
En quelques tableaux éclatent au grand jour les paradoxes -et c’est un euphémisme..- de la société saoudienne dominée par les diktats masculins : une femme peut faire des études, exercer le métier de médecin par exemple -c’est le cas de Mayam- ET sur son lieu de travail subir l’opprobre -des patients qui ne tolèrent pas d’être examinés ni soignés par une femme
Une femme peut prétendre à un poste plus élevé MAIS elle ne peut prendre l’avion sans l’autorisation d’un tuteur (Maryam doit se rendre à Riyad ; or elle est célibataire, son père, le tuteur, est absent : chanteur, oudiste, il est en tournée au moment des faits)
Une femme peut être candidate à des élections municipales MAIS elle ne peut faire campagne en présence des hommes et le vote d’autres femmes est loin d’être acquis !!!
Dénoncer des lois archaïques, c’est la volonté affichée de Haïfaa Al Mansour qui met en scène les luttes de femmes saoudiennes pour faire entendre leurs voix. Dans the perfect candidate - le titre ironique donne le ton- Maryam par ses prises de parole et sa détermination "libère" une parole jusque-là confisquée
Que penser des revendications inscrites à son programme électoral ? Je ne veux pas parler de la condition des femmes mais d’une priorité (qui me tient à coeur) goudronner la route qui mène à la clinique (la première séquence où nous avons suivi cette doctoresse au volant de sa voiture, illustrait l’état lamentable de la voie d’accès) Il y a urgence, la vie de « malades » est en danger Cet argumentaire aura été entendu car avant le jour des élections la voie est rapidement goudronnée... De facto la campagne pour les travaux -et partant, l'élection d'une femme- ne serait(aient) plus justifiée(s) ? qu’à cela ne tienne, c’est sans compter sur la ténacité de Maryam.....
Mais si le scénario ne manque pas de saveur, la "mise en forme" (en scène) est quant à elle insipide et scolaire
Jusqu’à ce montage parallèle où nous voyons en alternance le père en tournée - espoir d’un contrat avec l’orchestre national?- et sa fille en campagne électorale (aide précieuse d’une sœur, to do-list, etc.).
Un montage plus percutant, plus nerveux, aurait sans doute donné plus de relief au double questionnement sur la place de la femme (qui malgré quelques avancées est toujours reléguée au rang de subalterne) et de l’art (rappelons que le métier de chanteur est « discrédité ») dans la société saoudienne
Un film assez décevant !
Colette Lallement-Duchoze