De Gustave Kervern et Benoît Delépine (Belgique France)
avec Blanche Gardin (Marie) Denis Podalydès (Bertrand) Corinne Masiero (Christine) Vincent Lacoste (le sextapeur) Benoît Poelvoorde (le livreur Alimazone) Bouli Lanners (Dieu) Philippe Rebbot (le feignasse) Vincent Dedienne (le fermier bio) Michel Houellebecq (le client suicidaire)
Ours d'Argent au festival de Berlin 2020
Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller.Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet. Une bataille foutue d'avance, quoique...
Vous vous souvenez sur ce rond-point on a découvert qu’’on était voisins et on le savait pas (Marie)
Un rond-point qui jouera le rôle d’épicentre ; filmé à plusieurs reprises et sous des angle différents il symbolise la lutte des Gilets Jaunes, une lutte qui perdure : On est là on est là: chantent les trois personnages de cette comédie à la fois absurde et fantasque, drôle et farfelue sur l’emprise aliénante des nouvelles technologies, emprise qui frise l’addiction (constat amer de Christine "c’est pire qu’un bracelet électronique")
Et par-delà ses revendications sociales et politiques, le mouvement n’avait-il pas fait émerger cet humanisme profond, celui que précisément le tandem Delépine/Kervern a toujours revendiqué, en dénonçant les dérives d’un système qui broie les faibles et les éclopés ?
Rond-point dont la courbe s’oppose à la verticalité des géants du Net que l’on va affronter jusqu’aux USA. Rond-point et ronde de la vie toujours recommencée ! Grands angles grands espaces vides comme pour accentuer la solitude de l’individu pris au piège (50km pour un service dit de proximité ; affaire du siècle "antivirus gratuit pour 14 euros par mois"; voix suave d’une Miranda sur laquelle on fantasme avant d’être confronté à son simulacre sur l’île Maurice…)
Comique de situation souvent hilarant, réflexions apparemment naïves, blagues potaches : on rit certes mais jamais aux dépens de Marie, Christine et Bertrand : humains trop humains dans un monde de plus en plus connecté mais ….qui a détruit le vrai lien social (lien que précisément les Gilets Jaunes avaient magnifié)
Comment récupérer les données -ou du moins les maîtriser ? Facebook ne répond pas aux 42 lettres recommandées envoyées par Bertrand ; Marie rêve d’un centre de données où il suffirait de taper « Sextape Hauts de France ». Dieu serait-il sourd ? Certes il s’est réincarné en un geek perché dans une éolienne, mais il avouera son impuissance face à l’Hydre planétaire des temps nouveaux (au moins Héraclès avait-il vaincu celle de Lerne!)
Mais que sont nos problèmes vus de la Lune? Se demande Marie (admirable Blanche Gardin) allongée sur un transat (la tête dans les étoiles??)
Et voici que la caméra décolle de la planète Terre, s’envole, dépasse les « clouds »... jusque…
Colette Lallement-Duchoze
J'ai été très déçu car le film n'est pas drôle à de rares réparties près...(celles de Blanche Gardin).
Peinture bâclée de la misère, voire méprisante à l'égard des Gilets jaunes dépeints comme les nazes de chez naze, si fait que tous les phénomènes d'aliénation qui sont montrés (les jeux d'argent, le portable, etc...) ne mènent nulle part ailleurs qu'à un gros humour potache, une idéologie anar de droite à la Houellebecq.
Tristes clichés avec un scénario qui patauge vers la fin et renforce l'incohérence du film dans son ensemble.
Serge Diaz 3/09/20