18 juillet 2020 6 18 /07 /juillet /2020 04:31

Rie, une journaliste danoise, visite le chantier du métro de Copenhague pour réaliser un projet sur la coopération européenne. Mais sous terre, un accident se produit. Rie se retrouve bloquée dans un sas de décompression aux côtés de Bharan et Ivo, deux ouvriers. Chacun doit apprendre à coopérer pour espérer survivre.

Exit

Certes le travail visuel et sonore est indéniable dans ce film (dénuement progressif jusqu’à la confusion entre l’humain  la boue et  le minéral ; une mécanique respiratoire  amplifiée par la bande-son qui heurte de plein fouet les entrailles délétères  du métro de Copenhague ; jeux des lumières artificielles; visages de plus en plus crasseux aux regards  hébétés). Certes le réalisateur a le sens du suspense (procédés de gradation : chaque étape  est signalée par un écran noir ou du moins sans image, le hors champ sonore  suggérant tous les possibles ; choix de cadrages qui vont enfermer de plus en plus les humains  en même temps que monte la tension; absence de temps morts ; parallélisme de plus en plus prégnant entre les strates de la terre et celles de la psychologie humaine; )

 

Et pourtant d’où vient que l’on peut s’ennuyer dès l’annonce de la cata?

 

Un mur couvre l’écran;  il s’écroule progressivement avec fracas. Puis sans transition une vue aérienne sur la capitale , c’est le prologue d'où émergent   deux forces antagonistes, le bas et le haut, l'ombre et la lumière, l’asphyxie et l’air libre- 

Le film débute comme un documentaire : nous suivons la journaliste guillerette qui descend dans les différentes strates de la terre ; dans les goulots d’étranglement ; elle filme discute avec les ouvriers.

Mais d’emblée le décalage est  "lourd"  entre cette Occidentale sûre d’elle, confiante dans le fabuleux projet européen et des ouvriers casqués habitués aux durs travaux du  monde des Ténèbres  (une main d’oeuvre étrangère ….surexploitée !!) Quelle est la meilleure chose dans votre travail ? Ose-t-elle demander (elle a besoin de témoignages pour réaliser  ses portraits ! Portraits qu’elle affichera au siège social,  pour la "monstration" parade! portraits dont se moquent les intéressés!!)

 

Puis après l’accident Exit se veut à la fois film catastrophe et film à thèse (la crise de l'Europe ici miniaturisée). Dans le huis clos où tentent de  "survivre" les trois personnages,- la journaliste et deux ouvriers-, les échanges vont porter  sur leurs conditions et attentes respectives : Rie s’étonne de n’avoir pas pensé à sa fille quand elle s'extirpait du sas de décompression ; Ivo le Croate avoue trimer comme un dingue pour nourrir sa famille, Bharan le jeune érythréen, sans-papier,  évoque à un moment l’Enfer qu’il a vécu -l’essence remplaçant  l’eau afin de limiter la consommation pendant la traversée...du désert..  par exemple… Un périple dont il doit rembourser le coût !!

 

On n’échappera pas à la traîtrise ! à la stratégie du "chacun pour soi"  ; à ces comportements typiques de  "survie"….

 

Alors oui, on peut rester extérieur à ce huis clos ...catastrophe ..(ce fut mon cas)

 

Ou tout au contraire sortir de la salle comme "lessivé"  après avoir vécu une descente aux Enfers !!! 

 

Colette Lallement-Duchoze 

 

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