Documentaire de Julie Deliquet Karim Moussaoui Sergei Loznitsa et Jafar Panahi (France Algérie Ukraine Iran)
D'un village iranien au Palais Garnier, d'un hôpital de Villejuif au sud de l'Algérie, des voix s'élèvent....Quatre cinéastes internationaux filment des chants de femmes et évoquent à leur façon le monde où vit chacune d'elles...
La scène digitale de l’Opéra national de Paris 3e scène a proposé à quatre artistes, de réaliser des courts-métrages sur le chant et la musique.
Programme de quatre courts métrages. «Une nuit à l'Opéra». Sergei Loznitsa recrée une soirée de gala organisée au Palais Garnier dans les années 50 et 60. En grande pompe, le Tout-Paris et les célébrités internationales de l'époque gravissent les marches de l'Opéra devant un public en liesse. - «Les Divas de Taguerabt». Accompagné de son équipe de tournage, Karim Moussaoui part dans le désert à la recherche des mystérieuses Divas du Taguerabt. - «Violetta». Dans les couloirs de l'Opéra Bastille et de l'hôpital Gustave-Roussy de Villejuif, deux femmes incarnent en miroir la maladie. -«Hidden». Jafar Panahi part à la recherche d'une jeune femme à la voix d'exception que les autorités religieuses iraniennes interdisent de chanter
Au-delà de l’altérité bien réelle et qualitative, et par-delà des oppositions si patentes (lieux histoire culture) le film "Celles qui chantent" loin d’être une mosaïque, propose une dynamique faite de superpositions de rémanences de surgissements, qui ressemblerait étrangement au contrepoint
Il s’ouvre sur un montage assez facétieux d’archives ( pastiche ?), du réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa (voyez ces têtes couronnées ce monde du show-biz et de la politique gravissant les escaliers de l’Opéra Garnier, puis s’installer - pleins de compoction - avant que ne retentissent les vibratos de La Callas, seule sur le devant de la scène) alors qu’à l’extérieur la foule compacte trépigne d’applaudissements ...Il se clôt sur Hidden de Jafar Panahi ; assigné à résidence ce réalisateur iranien a su contourner les diktats de la censure (cf ceci n’est pas un film ; taxi Téhéran) Le dispositif adopté pour Hidden rappelle celui de Trois visages ; au volant de sa voiture Jafar Panahi conduit une amie qui pour son futur spectacle, recherche la jeune femme à la voix enchanteresse….Une voix qui restera sans visage car « la femme qui chante est toujours indécente là où règne l’obscurantisme » Dans Trois visages c’était la voix de la poétesse recluse Sharzad interdite de tournage depuis 1979 que nous entendions ; voix sans visage elle aussi !!!
Exubérance et ténuité, richesse et dénuement (qui se double d'un message politique) mais une voix qui transcende!
C’est un même dépouillement qui prévaut dans les divas de taguerabt (Après la « société du spectacle » d'une nuit à l'Opéra). Le réalisateur nous entraîne dans ces grottes où les femmes filmées le plus souvent dans leur compacité font retentir la pierre millénaire de leurs chants eux aussi archaïques. Une mélopée qui traverse les âges et les frontières ; une mélopée et sa dialectique mémoire et oubli, proximité et distance, simultanéité et décalage (avant d’explorer cette béance le réalisateur s'interrogeait sur l’incongruité voire l’absurdité de construire un opéra en Algérie, (proposition de la Chine) pays qui « regorge » de chanteurs traditionnels !
Les deux « faux » documentaires tournés tels des road movie « encadrent» Violetta. Un court métrage pour le moins surprenant et avouons-le assez bancal : le scénario? La maladie incarnée par deux femmes . Le procédé ? l’alternance. On suit le parcours de la soprano Aleksandra Kurzak qui interprète La Traviata mise en scène par Benoît Jacquot et le parcours d’une jeune femme atteinte d’un cancer dans le service d’oncologie à Villejuif. D’où les effets spéculaires assez artificiels : la maladie frappant à la fois l’héroïne de Verdi et le personnage de fiction. L’artificialité étant toutefois compensée par une interrogation sur les jeux de masques et sur les fonctions du double !
Or n’est-ce pas à ce " jeu" que nous conviaient Sergei Loznitsa (un patchwork de plusieurs soirées de gala pour donner l’illusion de …) et Moussaoui (après des questionnements propres au documentaire sur la place de l’art dans la société algérienne il reconstitue -fiction- la scène de la grotte)
La réponse ne s’inscrit-elle pas dans le dernier plan de Hidden ?
Un drap (mortuaire) qui recouvre la voix de celle qui chante
Un film à ne pas rater (Omnia aux toiles)
Colette Lallement-Duchoze
Nous avons vu le doc "Celles qui chantent "
Très décevant
En dehors de l'extrait avec la Callas, sublime, et le doc iranien vraiment intéressant. Le reste est sans intérêt aucun. Le doc Algérien est même pénible, beaucoup trop long et mal filmé . Sur un sujet pareil on peut facilement faire mieux!
Bref un patchwork fait n'importe comment
Serge Diaz
4 août 2020