13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 12:20

de Camilo Restrepo (Colombie) 

Avec Luis LozanoFernando Úsaga HiguítaCamilo Restrepo

 

prix GWFF du meilleur premier long métrage à la Berlinale (février 2020)

 

En compétition au 9ème festival 

Champs-Élysées Film Festival - 9-16 juin 2020 

A obtenu le prix du jury : meilleur réalisateur

 

(Le réalisateur s’est lié d’amitié avec Pinky et l’a convaincu de jouer lui-même son propre rôle dans le film.)

Medellín, Colombie. Pinky est en fuite. Il vient de se libérer de l'emprise d'une secte religieuse. Il se trouve un abri de fortune et un petit boulot dans une fabrique de t-shirts. Trompé par sa propre foi, il questionne tout. Mais alors qu'il tente de reconstruire sa vie, il est bientôt rattrapé par des réminiscences violentes qui demandent Revanche.

Los conductos

Halluciné et hallucinatoire, réaliste et fantastique, ce film à la narration fragmentée, au mélange  d'"onirisme narcotique et de mysticisme lyrique" , et où s'entrelacent, se superposent   géographie d'une  ville post industrielle  et géographie mentale, ne peut laisser indifférent.

 

La scène d'ouverture est assez déroutante. Extérieur nuit noire, bleutée; ombre portée d'une arme à feu; détonation; zooms sur le rouge d'une blessure et le rouge du réservoir à essence d'une moto. Et pendant presque 10 minutes absence de paroles et impossibilité d'identifier les silhouettes....Nous allons suivre le "meurtrier" (d'abord une ombre puis un visage casqué); il est en cavale; seul sur l'autoroute!  Rythme accéléré! Pétarades! 

 

C'est alors que sa voix intérieure va tenter d'expliquer cette fuite. Oui Pinky a fait partie de la secte des "élus" sous l'égide -voire la férule- d'un gourou, le "père" qu'il vient de tuer ; oui il a été comme envoûté;  oui ce groupe a commis des crimes; il est temps de  s'en affranchir. Y parviendra-t-il?. Est-ce possible de se libérer de ces chaînes? C'est à un "voyage initiatique"  que nous convie Camilo Restrepo dans "Los conductos" 

 

Aux scènes dites réalistes, le réalisateur préfère des ambiances (obscurité, jeux d'ombre et de lumière, étincelles qui illuminent la ville vue en plongée; gestes répétitifs des ouvriers dans un atelier de contrefaçon). Il privilégie les gros voire très gros plans (roue de la moto, visage ou regard de Pinky, bottes des soldats qui défilent, boules de cuivre, cigarette que l'on roule.., doigt qui crochète,  trou dans le mur de la cave qui sert d'abri et en écho trous de la chaussée qui donnent accès à des forces chthoniennes (?)) comme autant de détails qui dans des plans d'ensemble perdraient leur pouvoir évocateur, symbolique ou métaphorique. Les lignes verticales alternent avec les horizontales et les formes ovales! Jeux sur  la gémellité   (cf affiche). Tout cela au service d'un montage dit impressionniste

Un montage qui suggère plus qu'il ne décrit, un montage où se mêlent la mémoire du protagoniste et celle de son pays la Colombie, le présent -celui d'une survie - transfiguré par des visions (certaines dues à la drogue), le présent confronté à un passé revisité, ou à la perspective d'un futur en marche ("au lieu de tuer ses fils, la Colombie ne peut-elle pas les rendre dignes de vivre ?) et le film se clôt -après la confrontation avec Revanche - sur un poème de Gonzalo Arango 

 

​​​​​​​On pourra toujours reprocher une  tendance à la  logorrhée philosophique (d'autant que celui qui profère et professe semble réciter)  ainsi que les similitudes avec le Christ qui s'exprimait en recourant aux paraboles (ici Pinky "racontant"  l'histoire des mendiants); mais l'abscons de la parole allégorique est  transcendé par le lyrisme omniprésent, les trouvailles de Guillaume Mazloum (éclairages photos)  et la partition originale d'Arthur B Gilette

 

Le festival international de Mar del Plata (fin 2019) qui a récompensé le film, a salué "sa vision personnelle du monde qui a une dimension esthétique politique et humaine et sa propre langue cinématographique" ​​​​​​​

 

A voir absolument!

 

 

Colette Lallement-Duchoze 

 

 

Los conductos
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