film documentaire de Matthieu Bareyre (2019)
Musique Raps FaTyo, Swip&Daks le Vrai; Vivaldi
Présenté au festival de Locarno
Du Paris de l’après-Charlie aux élections présidentielles; une traversée nocturne aux côtés de jeunes qui ne dorment pas : leurs rêves, leurs cauchemars, l’ivresse, la douceur, l’ennui, les larmes, la teuf, le taf, les terrasses, les vitrines, les pavés, les parents, le désir, l’avenir, l’amnésie, 2015, 2016, 2017 : l'époque
Rose Soall Mel Nico Luz Alexandra Solene Coraline Axelle Camille Eléonore c’est à eux et à tous les autres que ce film est dédié (cf générique de fin).
Mais qui sont-ils ? Quels sont leurs désirs ? Leurs attentes ? Le film se focalise sur ces jeunes encore étudiants ou chômeurs ; dealers ou activistes – non violents ou membres des Black Blocks ; il nous invite à cheminer avec eux dans leur errance nocturne dans le Paris des bars des rues de la Place de la République ou dans les banlieues. Mais aussi dans leur affrontement avec les forces de l’ordre lors de manifestations
Et le montage -où la récurrence du thème musical emprunté à Vivaldi et le passage écran noir servent de raccord- permet de mettre en évidence -progressivement- leur angoisse dans une forme de kaléidoscope (la fragmentation dans toutes les acceptions de ce terme comme fil conducteur?)
C’est quoi l’époque ? Les poks (peut-on lire sur la jambe de Rose qui a métamorphosé sa peau en syllabaire) ; le pok comme le bruit d’une matraque, le « son d’un mec qui a le crâne creux »
C’est quoi vos rêves ?
« j’ai pas de haine mais si tu savais comment j’ai le feu » (Rose)
C’est la nuit. Douleurs, malaises, obsessions (Etat, violences policières) désirs s’entremêlent dans cette ivresse qui embrase le cœur autant que le corps de ces noctambules. La caméra de Matthieu Bareyre filme parfois au plus près les visages comme si elle s’emparait de ces mots arrachés ou de ces regards comme hébétés d’extase (cf la DJ capable de partir au bout du monde emportée par le son…) Fixer l’instantané !
Certains discours reproduisent le credo parental tout en le dénonçant, d’autres légitiment le recours à la casse tout en sachant que c’est illégal (il faut provoquer la peur tout comme ils nous font peur en nous contrôlant il faut faire du déficit faire des choses inutiles comme casser. La peur comme moyen d’entente ???
C’est la nuit. Une nuit en bleu et rouge. Bleu des gyrophares et rouge fumigène. Nuit des reflets ou effets spéculaires sur les eaux de la Seine ou les flaques ruisselantes. Mais aussi rose (celui du bonnet de....Rose) et fuschia (celui de son écharpe) Rose interviewée -et longuement- à plusieurs reprises ! Cette Française d’origine africaine, qui déplore ces contrôles dont elle est régulièrement victime, qui sait le pouvoir des mots, -elle recommande d’ailleurs aux jeunes de les maîtriser, et c’est sur un de ses podcasts que se clôt le film
L’époque
Une balade aux portes de la nuit,
Une ballade d’avant l’Aurore ?
L'époque, un documentaire qui en dit plus sur un "état d'esprit" que tous les commentaires des "sachants" (sociologues historiens psychologues) qui paradent sur les plateaux de télévision ....
A voir absolument
(cinémutins www.cinemutins.com)
Colette Lallement-Duchoze