25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 07:21

 De Marc Brummund (Allemagne 2015)

avec Louis Hofmann (Wolfgang) Alexander Held (père Brockmann) Katharina Lorenz (la mère)

 

 

Été 1968. Wolfgang, 14 ans, intègre un camp de rééducation pour ados à Freistatt où il est confronté à un quotidien quasi-militaire. Les jeunes sont exploités pour de durs travaux dans le marais. Wolfgang va chercher à s’enfuir de cet enfer

Refuge

C'est l'été. 1968.  Wolfgang féru de mécanique discute avec ses potes-on parle d'alunissage USA ou Russie? Cet adolescent vit une relation "privilégiée" avec sa mère -et des images reviendront en leitmotive ponctuer le film: lumière fugitive dans la noirceur de l'enfer, onguent baume fugace sur ses blessures.

Mais son beau-père hostile à son esprit rebelle est décidé à briser ce trop-plein d'énergie ; et Wolfgang ira en maison de "redressement"

 

Un internat où sous couvert de préceptes religieux on exerce une discipline de fer, où sévices privations humiliations sont le lot quotidien de ces jeunes maintenus sous la férule du "père" Brockmann, le directeur sadique et des "frères" !

Une jeunesse réprimée au nom de la religion ! (viser à inculquer les valeurs chrétiennes au pensionnaire et l'éduquer dans la foi,  dit le prologue) Tel est l'enjeu de ce film inspiré de faits réels -le témoignage de Wolfgang Rosenkrötter un ancien pupille d'une diaconie - et tourné sur les lieux mêmes : le camp Freistatt à Diepholz

 

Un film qui -paraît-il- ne fut jamais sorti en salles  en France..

Un film qui  rappelle  une réalité sordide ( dans l'ex RFA de 68): celle de pensionnats cauchemardesques au coeur même de magnifiques paysages !!!!

Freistatt -un titre antiphrastique? comme la devise "Arbeit macht frei"?? -30 ans auparavant-

 

Les jeunes alignés comme des soldats dans les camps d'entraînement chantent "ô terre de détresse/où nous devons sans cesse/piocher" et chaque couplet de ce chant composé par des prisonniers allemands en 1933 résume leur quotidien -vivre en cage, les grands prés marécageux, du sang des cris des larmes, le travail pénible dans les tourbières- et pourtant on est en 1968 !!!

 

Subir? non se révolter!  C'est la "foi" qui anime le jeune adolescent et sa rébellion est exacerbée par l'intolérable iniquité. Mais peut-on sortir indemne d'un tel combat? Que deviendra in fine l'esclave? La perte de l'humain est-elle une fatalité? 

Autant de questionnements que pose ce film dont certaines scènes traitées avec un réalisme cru sont à la limite du supportable (mais on  connaît l'impact de la violence  fictionnelle alors qu'elle se situe souvent en-deçà de la violence réelle banalisée par les médias...)

 

On pourra toujours reprocher à ce film un manichéisme facile (qu'accentue le jeu caricatural, voire grotesque, des représentants de l'autorité), ou encore le "symbolisme" appuyé du gâteau -kalter hund- -lien avec la mère, partage, usurpation, fanatisme- et même le "passage convenu" et gradué  des tourments et tortures...

 

Malgré ces bémols,  Refuge  est un film à voir!

(en replay sur Arte) 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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