7 mars 2020 6 07 /03 /mars /2020 08:47

de Gregor Bozic (Slovénie) 

avec  Massimo de Francovic, Giusi Merli, Anita Kravos, Ivana Roscic, Janez Skof

 

Présenté en compétition au festival A l'Est (qui a lieu à Rouen du 3 au 8 mars 2020)

Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la frontière de la Yougoslavie et de l'Italie, le destin d'un vieux charpentier va croiser le destin de Marta une vendeuse de châtaignes

Il était une fois un châtaignier

On connaît les choix du festival A l'Est -dont c'est la 15ème édition-  des  films à l'écriture belle dans leur exigence et leur plasticité; le film slovène présenté hier soir en compétition en est une fois de plus  l'illustration

 

Un parterre de feuilles mortes couleur cuivre et or, et au milieu une "fosse"; vue en plongée; caméra et plan fixes; des personnages entrent dans le champ et leurs paniers emplis de châtaignes exécutent un ballet aérien en déversant leur contenu. puis ce seront des femmes qui, avec leurs râteaux recouvrent ce "trésor" des feuilles mortes et leurs mouvements ressemblent à un autre ballet chorégraphié à même le sol. Le ton est donné dès cette scène d'ouverture: une composition minutieuse (cadrage répartition dans l'espace couleurs et lumière) et "sacralisation" des châtaignes (Marta dans une séquence perpétue -peut-être en vain-  le commerce des châtaignes)

 

Un homme marqué par les ans, assis au pied d'un arbre se prend à rêver du moins il se souvient...alors qu'il attend la charrette-navette- et ce sera à bord de celle-ci que la conversation ou les rires fous des deux jeunes filles vont impulser le souvenir

 

Dès lors vont s’éployer en une série de flash-back et traitées de façon très picturale (souvent des tableaux d’une beauté indomptée) des séquences qui auront marqué sa vie. On passe de l’une à l’autre par un titre

(A rappeler ici que Stories from the chesnut woods traduction anglaise, insiste sur la pluralité et  impose un certain découpage narratif, alors que la traduction française,  "il était une fois...."  rappelle l’incipit des contes)

 

La plus émouvante des "histoires/séquences" est sans conteste celle qui évoque les derniers moments de l’épouse Dora. Le beau visage de l’actrice Giusi Merli ses déplacements à pas comptés ses paroles laconiques illustrent le rôle de ces femmes soumises qui jusqu’à leur dernier souffle auront trimé comme des bêtes de somme, au service de l’époux mâle et macho !!!

 

Mais le film ne manque pas d’humour (scènes de bistrot où les hommes s’adonnent à un jeu d’adresse; visite chez l’unique médecin qui prescrit un médicament unique, telle une panacée ) ; il peut être «sordide » (quand Massimo prend les mesures pour fabriquer un cercueil à sa femme, alors qu’elle exhale encore le souffle de la vie)

 

Un film tout en nuances-voire ellipses- pour évoquer des conditions de vie dans l’après- guerre (certaines personnes comme Marta,  sont contraintes au départ pour leur survie).

Quelques plans et c’est tout un pan de l’Histoire qui s’impose au spectateur ( à lui de reconstituer....)

 

Un film dont le réalisateur est à la fois grand portraitiste et brillant paysagiste

 

Et malgré un bémol (une musique parfois trop illustrative) "il était une fois un châtaignier" est un film à ne pas rater! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

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